Répression n Deux manifestants dont un écolier ont été tués et des dizaines d'autres blessés ce samedi matin à Sanaâ dans l'attaque par la police d'un sit-in réclamant la chute du régime yéménite. La police a lancé un assaut à l'aube contre les manifestants qui campent depuis le 21 février dernier sur la place de l'Université, à Sanaâ, pour tenter de les déloger, tirant à balles réelles et lançant des grenades lacrymogènes. Deux manifestants ont été tués et «près de 300 ont été blessés ou intoxiqués par les gaz» selon le comité médical formé par les contestataires. Le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, est la cible d'une contestation populaire depuis la fin janvier dernier qui a déjà fait une trentaine de morts. Saleh s'était engagé dans un discours jeudi dernier à «continuer de protéger» les manifestants qu'ils soient pour ou contre son régime. L'assaut de la police contre le campement est intervenu après que des manifestants ont étendu pendant la nuit le camp de toile à plusieurs rues proches de la place de l'Université, dépassant les blocs de béton installés par la police pour marquer la limite autorisée pour le sit-in. Déjà dans la nuit de mardi à mercredi, la police avait attaqué le campement pour la même raison, et un étudiant avait été tué. «Dès trois heures du matin, la police a tenté de démonter des tentes et d'arracher des haut-parleurs dans les rues voisines de la place de l'Université, mais nous les en avons empêchés», a affirmé Mohammad Saïd, un étudiant de 20 ans. Selon lui, la police est revenue deux heures plus tard avec des renforts. «Ils ont commencé à tirer des balles réelles et à lancer des grenades lacrymogènes, mais n'ont pas pu nous déloger», a-t-il assuré. Certains manifestants ont lancé des pierres sur les policiers, d'après des témoins. Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme avait demandé hier, vendredi, au gouvernement du Yémen d'enquêter sur des informations faisant état de militants tués durant des manifestations. «Nous appelons le gouvernement à faire preuve de retenue et à enquêter sur toutes les allégations d'exécutions extrajudiciaires et de violations des droits de l'homme par des forces de sécurité», a déclaré aux médias Rupert Colville, porte-parole du Haut commissaire. Colville a indiqué que 37 militants, et au moins six agents de sécurité, auraient été tués depuis le début des troubles au Yémen. Quatorze personnes ont été blessées hier lors de la dispersion d'une manifestation à Aden, dans le sud du Yémen, alors que des dizaines de milliers défilaient dans le reste du pays pour réclamer le départ du président Saleh. Ce dernier a offert jeudi passé d'abandonner ses pouvoirs exécutifs avant la fin de l'année, mais cette nouvelle concession a été rejetée par l'opposition qui exige son départ immédiatement.