Témoignage n «Je rencontre énormément de difficultés tous les jours surtout pour me déplacer. Les chauffeurs de taxi et les transporteurs publics refusent souvent de me transporter», nous confie Hamza. Ce jeune handicapé moteur âgé de 29 ans est atteint d'une myopathie depuis l'âge de 7 ans. Avec son frère et sa sœur qui sont également atteints de myopathie, ils sont trois handicapés à la maison. «Nous n'avons pas les moyens les plus élémentaires qui nous permettent de vivre dignement. C'est très difficile d'avoir une chaise roulante, d'étudier ou d'emprunter les différents moyens de transport (taxi, bus, trains, avions…). Même chez nous, à la maison, nous rencontrons des difficultés», nous confie-t-il. Notre interlocuteur nous a également expliqué que les handicapés souffrent beaucoup plus du regard des autres. «Nous sommes respectés par les autres handicapés, qui sont conscients de notre souffrance. Mais nous sommes méprisés par les autres personnes. Nous courons d'énormes risques quand on se déplace : les automobilistes roulent à grande vitesse, les trottoirs ne sont pas aménagés de façon à être accessibles. Ils sont dépourvus de pentes…», s'indigne-t-il. En outre, Hamza nous a raconté qu'il a été victime d'un accident de la route en 2003 qui a failli lui coûter la vie. «En sortant de chez un ami à qui j'ai rendu visite à l'occasion de l'Aïd El-Adha, une voiture roulant à grande vitesse m'a percuté. L'automobiliste a pris la poudre d'escampette. J'ai subi une intervention chirurgicale et passé quatre mois dans le coma. Ce n'est que quatre années plus tard que j'ai retrouvé l'automobiliste qui était à l'origine de l'accident», raconte-t-il. «Je me suis rendu au commissariat, mais on m'a expliqué qu'ils ne pouvaient rien faire. On m'a demandé d'écrire au procureur de la République, mais j'ai préféré laisser tomber, car je sais que toutes mes tentatives pour me rendre justice seront vaines. Il n'y a aucune loi qui nous protège. Pourtant, nous sommes des citoyens normaux comme tous les autres», ajoute-t-il. Abdelkader Bouras, président de l'association Shifa des maladies neuromusculaires, rencontré lors d'une conférence à Alger, a tenu, lui aussi, à apporter son témoignage sur le mauvais traitement que subissent les personnes handicapées. «Nous étions invités à une conférence à Annaba, il y avait avec nous un handicapé, le président de l'Association d'aide aux patients myopathes de la wilaya de Tizi Ouzou, en l'occurrence. A notre retour vers Alger, les responsables au niveau de l'aéroport de Annaba ont obligé la fille de ce monsieur à signer une déclaration sur l'honneur dans laquelle est stipulé que son père ne dérangera pas les autres passagers. Ils ont même demandé de l'argent pour le faire monter dans l'avion. Après notre insistance, ils ont fait appel à la Protection civile. Nous avons embarqué et, lui, il a été obligé d'attendre l'arrivée de la Protection civile. Une fois arrivés, les agents l'ont fait monter sans tenir compte de son handicap. Sans aucun égard ni ménagement», se souvient-il.