Attentes Les gens voient les élections, mais ne semblent pas croire au changement tant chanté par les différents candidats. Mais cela ne veut pas dire qu?il n?y a pas foules et grands rassemblements populaires lors des passages ou des haltes des candidats dans les localités visitées. Par curiosité, par quête de moments de spectacle et de défoulement, une grande partie des jeunes qui investissent ces meetings politiques n?est là que pour faire du chahut, de la petite provocation ou par recherche du «houl». Les candidats le savent et laissent faire histoire d?impressionner l?adversaire par la loi du nombre. Pour autant, les personnes responsables, conscientes politiquement et au fait des enjeux de ces élections, ne sont pas absentes de ces joutes électorales. Bien au contraire, des pères de famille au chômage et dans le besoin, des entrepreneurs et des investisseurs potentiels ayant rencontré des obstacles bureaucratiques pour acquérir foncier et matériel ou des demandes express de bakchich qui les empêchent de réaliser leurs projets respectifs, des commerçants qui se plaignent du poids des impôts, des diplômés universitaires sans travail depuis longtemps, etc., sont là et tentent, par tous les moyens, d?aborder avec le candidat ces importants sujets. Mais le candidat au poste de président de la République est pressé, très pressé. Il a d?autres meetings à animer, d?autres personnalités à voir ou à revoir, d?autres villes et localités à visiter. C?est la loi de la campagne électorale pour devenir président. Les problèmes des citoyens seront examinés et peut-être réglés s?il est élu. Sinon, ils attendront encore. Certes, il est communément admis que de tout temps la campagne électorale pour la présidentielle est d?abord une course entre les candidats au poste et non un débat, voire une confrontation d?idées et de programmes respectifs. Et celle qui se déroule actuellement en vue de la consultation du 8 avril prochain ne fait pas exception à la règle de la politique politicienne. Plus une «querelle» de personnes qu?une occasion de débat des grands problèmes qui pèsent sur le pays depuis plus de 40 ans et l?empêchent d?aller de l?avant, cette présidentielle n?emballe pas vraiment certains citoyens saturés de promesses électorales non tenues et ne croyant plus au changement à venir, vanté, pour ne pas dire chanté, par tous les candidats. La bipolarisation factice de la vie politique nationale, loin des réalités sociologiques et des paramètres économiques du pays, le passage-éclair dans ces contrées profondes des animateurs de cette campagne électorale et leur utilisation outrancière des particularismes locaux (nationalisme, régionalisme, tribalisme) aux seules fins de la victoire électorale, ne font pas le poids devant le dénuement et la misère vécus par certaines localités et par voie de conséquence devant l?impatience de leurs populations. Paradoxalement, dans certaines localités, à l?image du chef-lieu de la wilaya d?Oum El-Bouaghi, certaines personnes tout en proclamant à qui veut les croire qu?« ils ont de l?argent mais qu?ils sont en même temps des mahgourine» non pas en termes de pauvreté et de privations, mais par l?administration locale qui ne veut pas accéder à leur demande d?assiette foncière pour investir ou en les accablant d?impôts jusqu?à les décourager de mettre en pratique des projets. Réalité ou simple surenchère en période électorale pour tirer le maximum de candidats ? Ce sont, en tout cas, les doléances et les réflexions entendues durant une série de meetings à l?est du pays avec l?un de ces prétendants au poste de président de la République. Il avait devant lui les contradictions et les paradoxes d?une société qui se sent encore enchaînée par ses potentats locaux et par le sous-développement économique et social.