A peine quelques mois de tournage et le film documentaire " Mouloud Feraoun " d'Ali Mouzaoui est mis en boite et déjà parti pour Montpellier où se déroule depuis le 15 janvier dernier la manifestation "Regards sur le cinéma algérien" qui se poursuivra jusqu'au 30 mars. Arrivé à ce rendez-vous, ce film qui est un portrait sur l'auteur du mémorable, "la terre et le sang " sera vu aujourd'hui en exclusivité par le public de Montpellier. Après " Mimazrane", un conte berbère signé à la faveur de " Alger capitale de la culture arabe", Ali Mouzaoui se tourne vers une autre figure légendaire de la Kabylie mais cette fois -ci littéraire. Il s'agit de Mouloud Feraoun, l'auteur de l'illustre, " Fils du pauvre" assassiné le 15 mars 1962 par l'OAS (Organisation de l'armée secrète) au Château Royal de Ben Aknoun. Le clap a été donné vers le début 2009 à la maison de la culture de Tizi- Ouzou en présence de Ali Feraoun, le fils de l'écrivain et promoteur des ouvrages de son père. Sobrement intitulé, " Mouloud Feraoun", cette œuvre contient selon son auteur des plans et des faits se rapportant à l'époque, mais aussi des images d'archives, des entretiens inédits et autres reconstitutions inspirées de faits historiques. D'une durée de 52 minutes donc moyen- métrage, "Mouloud Feraoun " qui a coûté selon le cinéaste la bagatelle de 35 millions de dinars avait reçu une enveloppe de 7 millions de dinars du ministère de la Culture. Les autres subventions viendront de différentes wilayas dont Sétif, Bouira, Béjaïa, Tizi-Ouzou et l'APC de Larbaâ Nath Irathen. Selon le réalisateur ,ce projet qui lui tenait à cœur remonte à l'année 1983, et était prévu dans sa version première en sept épisodes, " mais des blocages n'avaient pas permis sa sortie "avait révélé l'auteur de Mimazrane. Le tournage qui a été fait dans tous les espaces où a évolué l'auteur de "La terre et le sang ", c'est-à-dire en Kabylie et dans l'Algérois durera 48 jours. Le premier coup de manivelle, montrait un plan représentant l'écolier que fut l'auteur de l'œuvre "Le Fils du pauvre" et son premier instituteur, Amhis Mohand Oulhadj, à l'école primaire de Tizi-Hibel, village natal de Feraoun, situé dans la commune de Béni Douala, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tizi-Ouzou. "Ce film est le portrait d'un auteur modeste et discret, aux convictions courageuses, inspirées et mêlées au destin de son peuple dont il a su interpréter la tourmente et l'espoir durant la longue nuit coloniale", avait encore souligné Mouzaoui tout en souhaitant que son œuvre soit "à la hauteur de ce monument de la culture algérienne, alliant admirablement les référents de l'authenticité, aux valeurs universelles". Instituteur, enseignant durant plusieurs années avant d'être nommé inspecteur des centres sociaux, Mouloud Feraoun s'est attelé durant toute sa vie professionnelle à peindre de façon authentique et sobre la vie des paysans dans cette Kabylie qui ne nourrissait pas son homme. Dans Le fils du pauvre un livre autobiographique, le personnage principal, Fouroulou, c'était lui, l'enfant unique qui était choyé par des sœurs et une mère et même un père qui regardaient alors leur enfant comme une Providence. Le rendez-vous de la fraternité "Regards sur le cinéma algérien" donne la parole aux pays du Sud et notamment l'Algérie dont le cinéma intéresse les gens d'outre mer. Cette manifestation est organisée par un groupe d'associations de la région du Languedoc-Roussillon. Elle est à sa seconde édition. Elle vise, à travers la présentation d'une cinquantaine de films de fiction, des documentaires et des courts-métrages, à favoriser la diffusion de la création artistique algérienne, en permettant au public de toute la région de (re)découvrir ce 7e art. Au programme de cette manifestation, des films très récents ou en avant-première comme "Harragas" de Merzak Allouache, "La placette" de Dahmane Ouzid, ou encore "Sektou" (ils se sont tus) de Khaled Benaissa ainsi que des documentaires comme "Lettre à ma soeur" de Habiba Djahnine, et "La Chine est encore loin" de Malek Bensmaïl. De quoi avoir une idée précise sur les films algériens de ces dernières années.