Opposition n La mobilisation des chômeurs est un message clair lancé aux autorités qui continuent à défendre bec et ongle ce nouveau programme. La plateforme des revendications de cette catégorie se résume à la nécessité d'assurer un travail décent pour tous, à la garantie du droit au logement social sans avance, ainsi qu'à l'ouverture des postes budgétaires dans tous les secteurs. Outre la permanisation de tous les contractuels, les préemploi, le filet social et tous les travailleurs précaires, les chômeurs exigent une allocation chômage à hauteur du Snmg pour tout demandeur d'emploi. Autant de revendications qui ne sont pas près d'être satisfaites par le dispositif annoncé par les autorités. Cette catégorie sociale peu organisée et rarement écoutée a longtemps été le bouc émissaire des enveloppes financières dégagées pour la mise en œuvre des différentes politiques de l'emploi. La première fois que cette frange est montée au créneau remonte à quelques années déjà. Les manifestations aussitôt transformées en émeutes dans la wilaya de Ouargla, étaient un signal fort aux autorités. Les jeunes de cette ville du Sud avaient posé à l'époque le problème du chômage qui, en l'absence de dialogue, avait été mal interprété. Les chômeurs du Sud, rongés par l'oisiveté et l'absence de perspective d'avenir, voyaient en les travailleurs du Nord, constituant plus de 90% de l'effectif des entreprises installées sur place, des concurrents. Aujourd'hui, les chômeurs plus que jamais imprégnés des révolutions arabes sont mieux organisés. On assiste depuis quelques semaines à la création des comités de chômeurs à travers l'ensemble du territoire national. Cet engagement marque une volonté de changement pour en finir avec la précarité et les politiques de l'emploi désastreuses. Une dynamique qui aboutira, selon certains observateurs, à la tenue d'assises nationales pour l'emploi. Des propositions concrètes pourraient ainsi voir le jour. En attendant, la batterie de mesures mise en place peine à convaincre les économistes. «Les jeunes Algériens ont besoin d'un système de formation en phase avec le monde moderne, de baigner dans la culture contemporaine et de participer à la marche de l'Histoire», dira Madjid Yousfi, ex-professeur assistant en économie à l'université d'Alger. Malheureusement, «rien de tout cela ne leur est proposé et, à ce train, ce sont les forces de l'inertie qui l'emporteront ou, plus grave, les forces de la régression. Les jeunes promoteurs auront leur pactole, il n'y aura pas de développement et on finira par effacer l'ardoise… Si le pétrole le permet», déplore-t-il.