Chiffre n L'hôpital d'El-Kettar a enregistré 31 cas de femmes séropositives en 2010, selon l'association El-Hayet des personnes vivant avec le VIH. Elles ont presque toutes découvert leur séropositivité à l'occasion d'une grossesse. Les conjoints demeurent les premiers responsables de ces contaminations, faute de dépistage. Un facteur parmi tant d'autres qui joue en défaveur des femmes. Face au VIH, elles cumulent des vulnérabilités d'«ordre biologique, physiologique, mais également socioculturel», atteste Mme Nawel Lahouel, présidente de l'association El-Hayet. Le sida frappe aujourd'hui de façon disproportionnée les femmes et les filles aussi bien dans le monde qu'en Algérie où le nombre s'est multiplié par six depuis son apparition en 1985. Si au début de l'épidémie, le sexe féminin représentait le tiers des cas, ces dernières années, il représente près de 50%. C'est ce qui ressort de la journée d'étude consacrée aux femmes et aux filles et à l'égalité des sexes dans le contexte du VIH, organisée, hier, mercredi, à l'Institut national de santé publique (Insp) à Alger. L'impact social se révèle ainsi un véritable handicap pour ces femmes déjà victimes de ce virus. «Nombreuses sont celles qui subissent des pressions ou ressentent des craintes qui, malheureusement les empêchent d'accéder au service de santé et ce, pour être informées des méthodes de prévention, de dépistage, de traitement ou d'appui psychosocial», déplore Mme Lahouel. Une situation qui nécessite la mobilisation de tous les acteurs pour «réduire la stigmatisation et la discrimination envers cette population», a-t-elle ajouté. L'association El-Hayat avec l'appui de Onusida a, à cet effet, initié un projet pour «le renforcement de l'engagement des leaders institutionnels et communautaires envers les femmes et les filles dans le contexte du VIH en Algérie». Ce projet, tel que inscrit dans le plan national stratégique de lutte contre le sida 2008-2012, plaide en faveur de la promotion d'une riposte multisectorielle face à cette maladie. Cette action constitue «une première étape d'un long processus qui permettra de faire tomber les barrières réelles et virtuelles dont sont victimes les femmes atteintes de sida», précise l'oratrice. Nous apprenons, par ailleurs, que le nombre de cas d'infection au VIH en Algérie ne cesse d'augmenter d'année en année. Entre 1985 et 2009, ce sont 4 048 cas de séropositifs qui se sont déclarés et un peu plus de 500 nouveaux cas de séropositifs le sont annuellement depuis ces trois dernières années. Pour les cas de sida, au 31 décembre 2009, ils sont 1 011 cas à avoir été recensés dont 553 ont déclarés au cours de cette même année. Pour les spécialistes présents à ce rendez-vous, néanmoins, le nombre de séropositifs est largement sous-évalué à cause d'un dépistage passif. Les statistiques sont ainsi étroitement liées aux cas révélés lors des dons du sang et des seuls résultats de quelques enquêtes de sérosurveillance sur certains groupes de la population. La répartition des cas de séropositivité par région indique qu'Alger, Mascara, Saïda, Sidi Bel Abbes et Tiaret sont les villes où l'on a enregistré le plus de cas d'infection. Enfin, les principaux obstacles de la réponse nationale au VIH sida se résument à l'inadaptation du cadre de coordination multisectorielle et à la faiblesse du mécanisme de suivi et d'évaluation. Outre l'insuffisance du système d'information il y a l'inadéquation du financement et bien sûr la stigmatisation dans la société.