Une enquête, réalisée en 2005 à Annaba par les spécialistes du service des maladies infectieuses de l'hôpital Dorban, fait ressortir que 0,53% des femmes enceintes (5 femmes sur 1000) à Annaba sont porteuses du virus HIV (séropositives). Un nombre qualifié d'effarant par les praticiens chargés d'estimer la séroprévalence dans la wilaya de Annaba. Affirmant avoir été eux-mêmes surpris par l'ampleur de la situation, ils ont estimé que cette dernière a pris des proportions véritablement inquiétantes. L'enquête a ciblé 3032 femmes sur une moyenne de 15 000 à 20 000 accouchements/an. Elle a laissé apparaître 16 cas de séropositivité, soit un taux de 0,53 %. Elle démontre que la maladie est concentrée, puisque le taux en matière d'épidémiologie dépasse les 0,1%. « Nous allons vers une épidémie généralisée incontrôlable. Des moyens colossaux doivent être mis en œuvre en toute urgence pour contrecarrer ce phénomène. Il faut savoir que lorsque le taux de séropositivité au sein de la population générale est inférieur à 1%, l'épidémie est concentrée. Supérieur ou égal à 1%, l'épidémie est généralisée », explique le docteur Aouissi Ramzi, S G de l'association de lutte contre le Sida Aniss. Selon lui, les résultats de cette enquête ont permis d'établir qu'à Annaba, entre 1000 à 2000 personnes sont infectées du VIH sans le savoir. « Ce n'est qu'au bout de la période asymptomatique de 7 à 10 ans, quand elles auront développé la maladie, que ces personnes infectées le sauront. Au bout de la 10e année, commencent alors à se manifester certains cancers (lymphome) et de graves infections opportunistes insensibles aux traitements, invalidantes et répétitives », avoue un des praticiens à l'hôpital Dorban. Les femmes composent les plus grandes victimes de cette maladie issue d'une première source de contamination qu'est surtout l'infidélité de leur conjoint. 87% des femmes touchées ont entre 25 et 40 ans. Autres modes fréquents de contamination : les rapports hétérosexuels. Des études similaires effectuées en 2004 à Tamanrasset et Oran ont permis de relever des taux de séropositivité respectifs de 0,70 et 0,25%. Ce taux de 0,53% de séropositivité classe Annaba parmi les wilayas les plus touchées après Tamanrasset et Alger. C'est pourquoi une grande partie de la population commence à redouter sérieusement la maladie et à prendre conscience des menaces qu'elle représente. Cette prise de conscience est expliquée par la tendance affichée aux dépistages volontaires (DV). En 2005, Annaba était classée première en DV avec 1162 tests de dépistage enregistrés contre seulement 400 à Alger. Sur ces 1162 personnes prélevées, 14 ont été déclarées séropositives. En 2004, sur les 530 tests, 7 ont été déclarés positifs. De janvier à fin octobre 2006, sur les 802 prélevés, 9 cas de séropositivité ont été recensés. Rappelons que de 1992 à octobre 2006, 82 cas ont été recensés à Annaba et que la majorité d'entre eux est décédée.