Négligence n Malgré les risques que comporte le métier de grimpeur de palmier, ce dernier n'est pas considéré comme tel par les pouvoirs publics. Ce qui pousse les jeunes à choisir d'autres métiers couverts par l'assurance sociale. Mis à part les grimpeurs propriétaires de grandes palmeraies, nombre de grimpeurs avouent qu'ils abandonneraient totalement ce métier si une place leur était offerte dans une entreprise ou une exploitation, qui leur assure un revenu régulier et une assurance contre les accidents du travail. «Au mépris de tous les risques que cela présente, l'entretien d'un palmier est rémunéré 100 DA seulement. Et pour seulement trois mois d'exercice. Notre travail ne peut, en aucun cas, représenter un métier à part entière», estime Mohamed Athaimia, 40 ans, grimpeur à Hai-Felyach, une localité distante d'environ 4 km du centre-ville de Biskra. Avec une famille de 5 personnes à sa charge, Mohamed déplore qu'en dehors de la saison de travail dans les palmeraies, la vie pour lui est dure. Seuls des petits travaux dans des chantiers lui permettent de subvenir aux besoins élémentaires de sa famille. Et même cela n'est pas toujours facile à trouver. «Avant, il y avait les eaux de l'oued dont ont se servait pour l'irrigation de nos cultures maraîchères, mais aujourd'hui, on nous a coupé l'alimentation pour en faire un barrage. Donc, on ne cultive même pas de quoi alimenter nos familles», regrette Mohamed. Grimpeurs et autres intervenants dans la filière déplorent le fait que les pouvoirs publics n'aient pas introduit ce métier dans la nomenclature des métiers. Les grimpeurs se trouvent amputés du droit à la couverture sociale, très utile en cas d'accidents. C'est là un problème soulevé même par les professionnels qui, eux, n'ont pas de réponse à fournir à leur main-d'œuvre. Un ingénieur de l'Itdas explique que lorsqu'il y a besoin de recruter un grimpeur de palmier, «l'agence de l'emploi leur offre des agents polyvalents qui généralement ne maîtrisent pas toutes les tâches que doit assurer un vrai grimpeur». Une situation qui fait dire à Abdelhafidh Habba, ingénieur au sein du même institut, que les pouvoirs publics doivent se pencher sur la problématique du défaut d'assurance sociale, en grande partie la cause qui pousse les jeunes à fuir ce métier. «Il faut trouver une formule pour assurer les grimpeurs en période de travail dans les palmeraies, ne serait-ce qu'en exigeant un prix symbolique pour une assurance-vie en cas de chute mortelle», a estimé Abdelhafidh, qui fait observer que ni la Chambre de l'agriculture, ni les mutualités agricoles, ni les sociétés d'assurances ne veulent prendre en charge les doléances de ces grimpeurs.