Le jeune Apulée a lu les textes romains qui ont relaté la fin de la cité. Certes, des Numides, des Berbères comme lui, avaient participé à cette fin, mais il n'était pas dans le dessein de leur roi, le grand Massinissa de la raser. Après avoir vaincu ses généraux, il a voulu, à la fin de sa vie, s'emparer de la cité pour en faire sans doute, sa capitale. Mais les Romains, qui étaient pourtant ses alliés, ne l'ont pas voulu. Ils avaient peur que le Numide n'acquière plus de puissance et se dresse contre eux. Caton, attirant l'attention sur le danger que représentait Massinissa, avait lancé sa célèbre formule : «Il faut détruire Carthage !» Et Carthage a été détruite. Après d'âpres combats, la ville a été livrée aux flammes, la plupart des habitants, pris les armes à la main, ont été passés au fil de l'épée, les survivants ont été éparpillés et vendus comme esclaves dans le camp d'Utique. Les trésors des palais et des temples ont été pillés, puis tout a été rasé : on a fait passer des bœufs sur les décombres et semé du sel pour que la ville ne repousse plus. Les romains ont ainsi effacé plus de huit siècles de civilisation. Il semble, à Apulée, entendre les cris de désespoir des suppliciés et ceux des captifs livrés aux marchands d'esclaves… Et puis Carthage a été reconstruite – par ses anciens vainqueurs devenus ses maîtres – et a retrouvé sa grandeur et son opulence.