Réaction n Les élus du RCD ont expliqué, hier, au ministre des Affaires religieuses qui était à Tizi Ouzou pour une visite d'inspection, qu'ils s'opposent au projet d'une salle de lecture qui devait être réalisée en annexe à la nouvelle mosquée d'Aghribs prévue à Agouni Oucharqi. Lors de la réunion qui a regroupé le ministre et les élus de la localité au siège de la mairie, le sénateur Mohand Ikherbane (Rassemblement pour la culture et la démocratie) dira : «Nous disons bienvenue à un lieu de culte où les gens viendront prier puis rentrer chez eux, mais nous ne voulons pas d'une salle de lecture ou d'une bibliothèque.» Un avis partagé par le président de l'APC issu, lui aussi, de la formation politique de Saïd Saadi. Une position plutôt surprenante de la part des représentants d'un parti qui prône la laïcité et dit œuvrer pour la promotion de la culture. Ces derniers justifient leur démarche par la crainte de voir la salle de lecture pervertie en un lieu où sera véhiculée une idéologie contraire aux valeurs ancestrales de la Kabylie et de l'islam algérien basé sur la fraternité et la tolérance. M. Ikherbane rappellera les tristes événements qu'a vécus, il y a une année, la même localité lorsqu'un groupe de «salafistes» a voulu construire une nouvelle mosquée à proximité de celle de Sidi Djaffar, «dans la perspective de détourner la population de l'islam algérien et y enseigner leur doctrine obscurantiste». Bouabdellah Ghlamellah, ministre des Affaires religieuses, tentera de convaincre les élus que la salle de lecture profitera à toute la population (notamment les universitaires et les lycéens) puisque la bibliothèque ne comportera pas uniquement des livres religieux mais aussi des ouvrages d'histoire, de littérature (particulièrement algérienne), d'économie... pour faire de la mosquée un lieu de rayonnement du savoir. Les opposants à ce projet camperont sur leurs positions. Le wali, Abdelkader Bouazghi, dira qu'il comprend l'appréhension des élus et des citoyens «appréhension née de ce qui s'est passé il y a une année (affaire de la nouvelle mosquée, ndlr), mais aussi de ce qu'a vécu l'Algérie lorsque les mosquées étaient devenues des lieux d'apprentissage de la violence». Toutefois il précisera que «la gestion et l'orientation d'un site dépend de ceux qui le gèrent». Le ministre a suggéré l'installation d'un comité intervillages qui regroupera un représentant de chacun des 17 villages d'Aghribs afin qu'il veille à l'intégration du projet dans son environnement (notamment au plan architectural et au respect des valeurs de l'islam algérien) et formule les propositions de la population. A préciser que l'APC a réservé une superficie de 6 000 m2 à la nouvelle mosquée d'Aghribs. Notons que le ministre a ensuite visité la mosquée de Sidi Djaffar restaurée par les citoyens avant de se diriger à Azazga où il s'est rendu à la mosquée du cheikh Aheddad qui a besoin d'une extension et à la zaouïa de Sidi Bahloul où il a inauguré un pavillon éducatif.