Coup de tonnerre dans le monde de l?édition privée : le ministère de l?Education nationale vient de décider le retour (à titre transitoire ?) du monopole étatique sur les manuels scolaires. L?embellie entre les deux partenaires n?aura donc duré que l?espace d?un trimestre d?année scolaire. Votre supplément «Education» revient sur ce sujet sensible, après avoir auparavant mis en relief la précipitation qui a prévalu lors du lancement de l?appel d?offres du MEN, au début 2003. En effet, il est impossible ? à moins d?un bricolage ? de confectionner, d?imprimer et surtout de concevoir et d?élaborer le contenu d?un manuel scolaire en l?espace de deux, trois, voire six mois. Cela ne s?est passé nulle part ailleurs au monde. Sans nul doute, les deux parties en présence sont coresponsables de l?échec constaté une fois ces manuels mis en circulation. Le respect des normes aurait dû amener le MEN à ne pas fixer un délai aussi court. Tout comme les éditeurs privés auraient dû refuser un tel «défi de fou». Quelles sont donc les raisons qui les ont poussés à aborder avec autant de légèreté une opération aussi délicate ? Une opération qui doit, en principe, respecter les normes classiques en matière d?élaboration des manuels. Le manuel scolaire n?est-il pas l?équivalent du médicament que l?on achète en pharmacie ? Un médicament frelaté, fabriqué à la hâte, en dehors de toute norme, fait courir de graves dangers aux patients qui l?achètent. Idem pour les manuels scolaires lorsque leurs pages sont jonchées de «mensonges» scientifiques. On préfère parler de «bourdes» ou de «coquilles» pour ne pas dramatiser. De toute évidence, le vaste chantier ouvert de la réforme du système éducatif vient de connaître son premier sérieux «couac». Reste à savoir si les autres segments concernés par la réforme ne connaîtront pas le même sort que celui vécu par le manuel scolaire ? Espérons seulement que la précipitation, l?une des sources de la dérive, ne sera plus au rendez-vous. Quant à la qualité escomptée, c?est une autre paire de manches.