Travaux n Après la réunion de mercredi dernier entre le MJS et l'APCP, il a été décidé de mettre en place une commission pour le suivi des mesures prises par l'Etat. L'annonce a été faite hier par Mahfoud Kerbadj, président de l'Association des présidents de clubs professionnels (APCP) sur les ondes de la radio nationale où il a été convié à s'exprimer sur la semaine mouvementée qu'a connue le football national et au cours de laquelle il y a eu d'abord cette décision de boycotter la journée de championnat, prévue hier et aujourd'hui, avant qu'elle ne soit reportée pour ce lundi suite à la réunion tenue mercredi entre les représentants de l'APCP et le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar. D'ailleurs le boss du CRB a tenu à préciser qu'il n'y avait aucun litige entre les clubs professionnels et le ministère de tutelle qui demeure le représentant officiel auprès des pouvoirs publics et qu'il saluait la disponibilité et les efforts qu'entreprend Djiar pour régler tous les problèmes des clubs et faire accélérer les procédures relatives à la professionnalisation de la balle ronde nationale. Pour ce faire, une commission de suivi de la mise en œuvre des mesures décidées par l'Etat a été installée mercredi, ce qui devrait éviter d'autres incompréhensions et mauvaise communication à l'avenir. D'autant que, selon le département de Djiar, les choses commencent à se concrétiser depuis quelques jours. Pour confirmer la position de la tutelle, l'un des cadres du MJS, en l'occurrence Djebab est également intervenu, hier, sur les ondes de la radio nationale, pour indiquer que 29 clubs ont reçu déjà leurs lots de terrain au niveau des 17 wilayas sur les 20 concernées, et ce pour ériger leur centre de formation (l'Etat avait décidé d'attribuer 2 hectares au dinar symbolique pour chaque club). «Concernant les dispositions contenues dans la loi de finances complémentaire, la convention avec la compagnie Air Algérie a été paraphée pour la prise en charge du transport des équipes de jeunes, alors que 30 attestations d'attribution de bus ont été signés par le ministre, pas plus tard qu'hier (ndlr : jeudi dernier). Reste l'octroi d'un budget de fonctionnement, celui-ci, faut-il le rappeler, n'est pas prévu parmi la batterie de mesures, mais Djiar a promis de faire l'effort nécessaire pour que cela se concrétise.» Lors de son intervention, le cadre du MJS a insisté sur le fait que les 10 milliards de centimes prévus comme mesure d'accompagnement ne sont guère destinés au fonctionnement, mais à l'investissement. Ce à quoi le président Kerbadj réplique : «Nous le savons et nous n'avons jamais dit que les 100 MDA étaient destinés au fonctionnement ni à payer les salaires des joueurs», tout en avouant que la masse salariale du CRB avoisinait les 70% du budget du club. D'où le constat que les pensionnaires des Ligues 1 et 2, ou du moins la plupart d'entre eux, sont de gros dépensiers ! Et Kerbadj l'avoue sans détour : «Vous êtes obligés de dépenser, il faut contracter des dettes ! Il y a des clubs qui ne peuvent pas se payer un déplacement ! Il y a surtout l'exonération sur les taxes fiscales qui devait être introduite dans la LFC, mais ce ne fut pas le cas.» Le boss du Chabab met l'accent sur les charges fiscales et parafiscales qui sont venues se greffer aux dépenses des clubs pour alourdir leur trésorerie alors que ces derniers devaient être exonérés et que la tutelle s'est dit prête à trouver des solutions en négociant avec le ministère concerné. Dans la foulée de ce débat, Djebab a rappelé que les clubs avaient toute la latitude de passer professionnels ou pas et qu'aujourd'hui il y a une disposition qui permet à ces derniers de disposer toujours de subventions étatiques, comme ce fut le cas pour plusieurs formations (ESS, USMB, MOC, MCS,…). La réaction Mecherara : «Il faut se mettre autour d'une table» Depuis le début du mouvement de protestation des clubs, la Ligue nationale de football (LNF) donnait l'impression de ne pas être au cœur du débat, ce que réfute son président Mohamed Mecherara : «Nous sommes dans le débat et nous suivons minute par minute ce qui se passe. Ce n'est pas à la LNF de régler les problèmes posés par les clubs. Le débat ne nous interpelle pas. De plus, jamais nous n'avons été invités à une réunion, et nous n'avons jamais refusé d'y participer et je défie quiconque dira le contraire. Pour moi, la question la plus importante, c'est celle liée à l'absence de réflexion sur le professionnalisme : personne n'a réfléchi sur la hiérarchisation des problèmes, à commencer par le fond de roulement des clubs qui se pose avec persistance. Comment aider les clubs ? Pour ce qui est du terrain, a-t-on besoin de 32 centres de formation en même temps ? S'il y avait un groupe de réflexion sur toutes ses problématiques on serait allé plus vite. C'est évident que les clubs dépensent, alors que le capital des sociétés est dérisoire. Aujourd'hui, le capital varie entre 6 et 800 MDA, où certains ont pu bénéficier de subventions, voire dans d'autres cas c'est l'Etat qui a donné directement de l'argent. Mais il est obligatoire d'exiger aujourd'hui qu'un club professionnel puisse avoir comme capital au moins l'équivalent de son budget de fonctionnement pour une saison. Sans oublier qu'il faudrait songer à un plafonnement des salaires à travers une limitation du nombre de joueurs. Il est inconcevable d'avoir 28 joueurs et plus, alors que dans les clubs professionnels à travers le monde, leur nombre est de 23 au plus», expliquera longuement le patron de la LNF et probablement futur président de la Ligue professionnelle qui verra le jour le mois prochain. Mais pour Mecherara : «Le professionnalisme concerne plusieurs départements ministériels et il est plus que nécessaire de se mettre autour d'une table et faire appel à des experts pour prendre en charge tous les problèmes surtout qu'en ce moment, il n'y a aucune vision. La LNF est disponible à participer à ce débat», rappellera-t-il. Etat des lieux Bricolage et amateurisme de bas étage Le moins que l'on puisse dire c'est que le bricolage et l'amateurisme de bas étage ont encore de l'avenir dans un football algérien qui veut bluffer son monde avec son costume de professionnel enfilé à la va-vite, il y a quelques mois, juste pour plaire à la FIFA et ses exigences. Se jeter à l'eau sans bouée ni savoir nager, même en eau trouble, cela relève de l'inconscience. Sinon, comment expliquer la situation actuelle du sport roi où une grève est décrétée par une association de présidents de club à qui il ne reste que quelques jours à vivre avant de disparaître au détriment d'une Ligue professionnelle qui naîtra et prendra la place de l'actuelle Ligue nationale, plutôt effacée par les temps de protesta qui courent. Comment expliquer qu'un club champion d'Algérie en titre, le MCA en l'occurrence, puisse aller représenter le pays en Afrique avec seulement quatorze joueurs, dont un seul gardien dans les bagages ! Prions que Zemmamouche ne soit pas blessé ou piqué par un insecte qui le clouerait au lit. Comment expliquer également la débandade qui règne dans le vestiaire d'un club aussi prestigieux et riche que l'Entente de Sétif, voire détenteur du trophée populaire, où les joueurs dictent leur loi, comme tentent de le faire leurs collègues «travailleurs» de l'USMA qui ont opté pour la pétition pour exiger le départ d'un entraîneur adjoint ! Que dire d'une saison footballistique gâchée avec une trêve qui a duré plus d'un mois et demi et où l'hirondelle ASO ne pourrait faire à elle seule le printemps. Au moment où les clubs actionnent de nouveau la sonnette d'alarme face à une crise financière asphyxiante en absence des habituelles subventions des collectivités locales et le refus des banques de prêter de l'argent à des sociétés commerciales dont le capital social équivaut à une épicerie de quartier. Résultat des courses : le passage au professionnalisme s'est avéré un saut sans filet de protection et les pouvoirs publics ainsi que les instances du football doivent revoir leur copie pour mieux préparer la prochaine saison, la dernière avant le couperet de la FIFA. Les principales décisions : - Une aide d'un milliard pour l'achat d'un bus Parmi les garanties qui ont été données par le MJS aux présidents de club durant la réunion d'hier après-midi, une aide d'un milliard de centimes pour l'achat d'un bus qui sera destiné au transport de l'équipe et qui leur sera octroyé dès lundi prochain. Cette aide profitera aux clubs qui ont déjà déposé le cahier de charges. - Les frais des jeunes catégories à la charge de la tutelle Hachemi Djiar a promis également aux présidents de club de débloquer les salaires des entraîneurs des jeunes catégories ainsi que les frais de leurs transports, dans les prochains jours. - Les assiettes pour les centres de formation relèvent du ministère de l'Intérieur En revanche, le ministre de la Jeunesse et des Sports s'est excusé de ne pas pouvoir accéder à la demande des clubs concernant les assiettes destinées à la construction de centres de formation et de terrains d'entraînements : «Cela ne relève pas de mes prérogatives. Il faut voir avec le ministère de l'Intérieur.» Toutefois, le MJS s'est engagé à les aider pour l'acquisition de ces terrains.