Résumé de la 69e partie n Colin Lamb se sépare de Sheila pour rejoindre Dick... Je repars pour Londres, ce soir, Dick. Il leva vers moi un visage pensif. — Tiens, lis ça, mon vieux. Et il me passa sa lettre, que je lus : Cher monsieur, J'ai quelque chose à vous dire. Quand, l'autre jour vous m'avez demandé si mon mari n'avait aucun signe distinct, je vous ai répondu non. Mais je me trompais. Il me revient qu'il avait une cicatrice derrière l'oreille gauche : une coupure de rasoir qu'il s'était faite, si petite et insignifiante que j'avais oubliée. Avec mes sentiments distingués, MERINA RIVAL. — Excellente preuve à l'appui, m'écriai-je. Pourquoi te ronges-tu les sangs ? — Cette affaire est infernale, fit Hardcastle, très sombre. Midi un quart sonnait à une horloge voisine au moment où j'appuyai sur la sonnette du 6, Wiibraham Crescent. La porte me fut ouverte par Mrs Ramsey qui, les yeux fuyants, me dit : — Qu'est-ce que c'est ? — J'aimerais vous voir quelques instants. Elle me conduisit au salon, d'un geste nerveux m'invita à m'asseoir. Votre mari est-il toujours en voyage ? demandai-je. — Oui. — Parti depuis longtemps, il me semble ? Loin d'ici, sans doute ? — Qu'en savez-vous ? — N'est-il pas derrière le rideau de fer ? Un instant, elle se tut, puis, d'une voix creuse, me dit : — Oui, c'est exact. — Vous saviez où il allait ? — Plus ou moins. (Il y eut un silence.) Il voulait que je le rejoigne là-bas, ajouta-t-elle. — Il y a longtemps qu'il mijotait ça ? — Je le pense ; mais il ne me l'a avoué que dernièrement. — Vous partagez ses opinions ? — Dans le temps, oui. Mais... je ne vous apprends rien, sans doute. — Vous allez pouvoir nous renseigner très utilement. — Non, impossible. Pas par mauvaise volonté, mais je ne sais rien de précis. — Votre mari a-t-il trempé dans cette affaire Larkin ? — Je l'ignore. Il ne m'a jamais rien dit : je ne voulais rien savoir. (Puis, soudain frémissante). Autant vous parler franchement, Mr Lamb. J'adore mon mari. Pour ou contre politiquement, je l'aurais quand même accompagné à Moscou, tant je l'aimais. Mais il tenait à ce qu'on y emmène les garçons. Et moi, non. C'est tout. J'ai dû rester avec eux. Je ne sais si je reverrai jamais mon mari. Chacun de nous suit la route qu'il s'est choisie. Mais il y a une chose à laquelle moi je suis attachée par-dessus tout : je veux que mes fils soient élevés ici, dans leur patrie : je veux qu'ils soient élevés en bons petits Anglais, comme les autres. Après quelques instants encore je la quittai, sans avoir rien appris de nouveau. Contournant le Crescent, vers Albany Road, je rencontrai Mr Bland, tout guilleret. (A suivre...)