A l?époque de Boumediene, dans un geste symbolique, on avait brûlé quelques un de ce qu?on appelait les gourbis de la honte, ces plaies hideuses que l?Algérie portait en son flanc. C?était quelques années après l?indépendance et il avait été dit et redit que l?Algérien devait vivre dignement, que le pays avait assez de ressources et de richesses pour assurer un toit décent avec un minimum de commodités à ses enfants. Depuis, le pétrole a coulé à flots. De cet immense Sahara, l?or noir a été extrait sans répit pour alimenter officiellement les caisses de l?Etat. Mais depuis, les gourbis et les taudis n?ont cessé de proliférer, de former des ceintures autour et à l?intérieur de villes et autres centres urbains. Quarante-deux ans après l?indépendance, des populations entières pataugent dans le dénuement au milieu de baraques et d?eaux nauséabondes. C?est leur univers. Mais est-ce à jamais leur destin ? Vivre dans un gourbi aurait pu ne pas être une fatalité, si l?Algérie avait été gérée par «les hommes qu?il faut à la place qu?il faut». Seulement voilà, en 2004, l?Algérie des gourbis existe et nargue les politiciens. Dans le cadre de nos reportages à travers le pays, liés aux élections, nous avons choisi les deux bidonvilles de Bouzaâroura et Sidi Salem, dans la wilaya de Annaba.