Déjà ensanglanté par les attentats des talibans alliés à Al-Qaîda, accusé à Washington de double jeu dans la lutte contre le terrorisme et face à une opinion publique anti-américaine, le Pakistan s'apprête à vivre des jours difficiles après la mort de Ben Laden. Car les talibans pakistanais, qui ont fait allégeance à Al-Qaîda en 2007, ont juré d'intensifier leur campagne d'attentats qui vise, depuis plus de trois ans, les édifices publics et les forces de sécurité pakistanaises, mais aussi les Occidentaux et des civils jusque dans les mosquées. «Nous vengerons Oussama ben Laden en lançant des attaques contre les Américains, le gouvernement pakistanais et ses forces de sécurité», ont promis les talibans depuis la mort de Ben Laden. A l'été 2007, ils avaient décrété le «jihad» contre Islamabad pour son soutien à la «guerre contre le terrorisme» de Washington. Depuis, plus de 4 200 Pakistanais ont été tués dans tout le pays dans quelque 460 attentats-suicide pour la plupart. Depuis hier, les check-points policiers et militaires à Islamabad et autres grandes villes, déjà nombreux depuis l'été 2007, ont été multipliés ou renforcés. Mais en plus de la crainte de nouveaux attentats, le gouvernement se retrouve coincé : entre les Etats-Unis, principaux bailleurs de fonds qui multiplient les accusations de double jeu face au terrorisme islamiste, et une opinion publique très majoritairement anti-américaine.