Terrorisme n Au moins dix personnes, essentiellement des policiers et du personnel pénitentiaire, ont été tuées ce jeudi matin dans un attentat à la voiture piégée. Cette nouvelle attaque intervient alors que l'armée a lancé, il y a trois semaines, une vaste offensive contre les combattants islamistes proches d'Al-Qaîda dans les zones tribales du nord-ouest et que le pays vit une vague d'attentats sans précédent, qui a fait près de 1 200 morts en un peu plus d'un an. Le fourgon pénitentiaire visé par cet attentat, transportait des policiers et du personnel d'une prison qui se rendaient à leur travail. «Une voiture blanche bourrée d'explosifs garée sur le bord de la route a explosé à leur passage», a expliqué le chef de la police de Bannu, une ville garnison située à environ 250 km au sud-ouest d'Islamabad. Le fourgon cellulaire, normalement utilisé pour transporter des prisonniers, a été précipité dans une rivière au bas d'un pont par la force de l'explosion, non loin de Bannu, a raconté un autre chef de la police locale. Bannu est un bastion de l'armée situé non loin des zones tribales frontalières avec l'Afghanistan, où Washington, dont le Pakistan est l'allié-clé dans sa « guerre contre le terrorisme », estime qu'Al-Qaîda et les talibans afghans ont reconstitué leurs forces grâce à l'aide des talibans pakistanais. Le porte-parole du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), une fédération de groupes armés des zones tribales et réputé proche d'Al-Qaîda, avait menacé la semaine dernière d'intensifier la campagne d'attentats suicide si l'armée ne renonçait pas à son offensive contre eux, lancée au début de ce mois d'août. Al-Qaîda, par la voix d'Oussama ben Laden et son second, Ayman al-Zawahiri, ont décrété il y a un an le jihad, la «guerre sainte» contre le Pakistan et ses forces de sécurité après l'assaut de la Mosquée rouge d'Islamabad au cours duquel une centaine de personnes, parmi les islamistes puissamment armés qui s'y étaient retranchés, avaient été tuées. Depuis cet assaut meurtrier, le 12 juillet 2007, la vague d'attentats attribuée aux talibans pakistanais, a visé principalement les forces de sécurité mais n'a pas épargné les civils, jusque dans les grandes villes du pays, dont Islamabad. Le 18 août, dernier, 30 civils avaient péri dans un attentat suicide dans un hôpital du nord-ouest et, le 21 août, deux attentats kamikazes avaient tué 64 ouvriers devant la principale usine militaire d'armement du pays, près d'Islamabad. Quelques heures après, le porte-parole des talibans pakistanais revendiquait le double attentat et promettait de lâcher ses kamikazes dans les grandes villes si l'armée ne cessait pas son offensive, lancée sous la pression intense de Washington qui estime que le Pakistan ne fait pas assez pour éradiquer la menace islamiste dans les zones proches de l'Afghanistan.