Magie n Les soirées entrant dans le cadre du 6e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes se poursuivent à la Maison de la culture de Tlemcen. Lundi, c'était un autre voyage. Un périple tout en sonorités raffinées et en rythmes ciselés. C'était un voyage fait de poésie avec deux ensembles (l'ensemble régional d'Alger et l'ensemble Orina d'Alep de Syrie). Chaque poésie avait sa propre tradition, histoire et cheminement spécifique. C'est l'ensemble régional d'Alger qui a entamé la soirée en interprétant des partitions puisées dans l'authentique patrimoine andalou. Marqué par une rigueur dans l'exécution, le jeu était mesuré au moindre mouvement. L'orchestration était coordonnée, rythmée, notamment rehaussée par l'attache apportée par chaque musicien à son instrument. La connaissance et le savoir-faire de chacun fait que l'ensemble revêtait un caractère et une force musicale qui n'ont pas tardé à capturer l'intérêt de l'assistance. Le chant qui s'ajoutait à l'interprétation musicale, accordait à la prestation une part de pureté et de joliesse. Plus tard, et en deuxième partie, l'ensemble Orina d'Alep (Syrie) a gratifié l'assistance, nombreuse, de son plus beau répertoire avec faste et force. Le jeu, naturel et notable, était simplement splendide. Il charmait l'ouïe de sa poétique et de sa musicalité. Les sons abondants et les mélodies emblématiques étaient génératrices de sensations. Elles charriaient une existence éthérée, enjouée. La soirée de lundi, avec les deux ensembles, étaient un moment d'évasion et d'euphorie musicale. C'était l'instant de grande jubilation. Le festival international de musique andalouse et de musiques anciennes se tient, par tradition, depuis 2006, date de la tenue de la première édition, au mois de décembre de chaque année. Mais exception faite, il a été avancé, à l'occasion de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» et déplacé à Tlemcen, car il a habituellement Alger pour domicile. Le coup d'envoi a été donné le 27 avril avec l'ensemble régional de Tlemcen et l'ensemble tarab d'Iran. «Quel heureux présage de retrouver Tlemcen dans un rôle qu'elle assumera avec éclat dans le concert des nations comme capitale maghrébine et méditerranéenne. Ses poètes ont été admirés à travers l'immensité culturelle arabe et sa nawba a offert les joyaux des formes savantes à l'histoire universelle de la musique», dira le commissaire du festival, qui a ajouté : «Il est tout aussi heureux de voir ressurgir des tréfonds de cette généreuse des palais ensevelis et criant la splendeur de Tlemcen, malgré les différentes strates, les injures du temps et le béton colonial.» La soirée de lundi a permis au public de renouer avec l'esprit créatif de nos ancêtres, ceux qui avaient, sans cesse, joué un rôle éminemment important dans la pollinisation de la mélodie andalouse. La soirée de lundi était un voyage dans l'univers musical et poétique andalou, et ce voyage se présentait comme «une initiation, une immersion et enfin un sacerdoce». Cette immersion nous a nourris, transportés. Nous nous sommes abreuvés à la source et nous nous en sommes imprégnés. Cette 6e édition du festival se poursuivra jusqu'au 6 mai. Y. I. l S'exprimant sur la sélection du festival, Rachid Guerbas dira : «La programmation a été faite selon des exigences et critères professionnels.» Et d'ajouter : «Elle restera fidèle à son credo, à savoir la fraternité internationale.» Pour lui, le festival se veut «une dynamique scène du généreux partage, un lieu où chacun s'enrichit de la culture et de l'expérience de l'autre, où chacun prend conscience du fabuleux trésor qu'il doit à l'autre et du privilège que chacun a de se reconnaître dans l'autre. C'est un lieu où le langage universel prend sens et envol.»Rachid Guerbas, pour qui l'andalou est une musique de référence, d'où l'intérêt du festival, qui est de participer à la préservation et à la promotion du patrimoine musical classique algérien qui côtoie celui des autres pays participants, a fait savoir que «cette sixième édition du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes qui s'inscrit dans le cadre de Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011, se présente comme l'occasion de découvrir les différentes tonalités de l'andalou à travers le monde. De la musique perse jusqu'aux rythmes des musiques anciennes du Maroc et d'Espagne». Les soirées concoctées cette année sont débordantes de joie et d'allégresse. Chaque soirée se présente comme un moment et ce, le temps d'un récital, d'une découverte, d'une immersion dans l'univers et imaginaire andalou aussi bien dans sa richesse que dans sa diversité. Y. I.