Du 15 au 25 décembre, la salle Ibn Zeydoun accueillera pour la troisième fois cet événement dédié aux musiques savantes et raffinées du monde. En effet, mus par la volonté de faire partager au public d'ici des sonorités venues des quatre coins du monde, les organisateurs, à leur tête le musicologue Rachid Guerbas, espèrent faire de cette manifestation annuelle, un tournant décisif pour la promotion de notre culture et musique «andalousienne». Un festival qui, a-t-il précisé, se veut «un lieu de rencontre, de partage mais aussi et surtout de reconnaissance, autrement dit, se reconnaître en l'autre, trouver des points communs et construire des ponts ou des projets communs avec les musiques de l'autre, soit l'interéchange pour rendre hommage à la création.» Ainsi, la musique andalouse, dans toutes ses variations, écoles, genres et associations sera confrontée aux musiques anciennes pour une meilleure connaissance des courants et des effets musicaux nés de ces déplacements qui ont traversé la période médiévale et la Renaissance. Et quelle plus belle façon que d'illustrer cela par le jeu de scène et la rencontre entre deux musiciens que rien ne semble réunir, mais que la musique rassemble incontestablement. Toutefois, ce festival, précisera encore M.Guerbas, est aussi une façon de dire que «nous n'avons rien piqué aux autres, mais on a été suffisamment inspirés pour composer nous-mêmes.» La musique est, par contre, une source d'influence qui marqua la musique européenne. Ainsi, l'Andalousie musulmane au temps de sa gloire était le creuset des civilisations et a eu un impact sur les autres musiques, d'où le mot «voyage», pas si fortuit, utilisé souvent par M.Guerbas lors de la conférence de presse qu'il a animée hier, à la salle Frantz- Fanon afin d'annoncer officiellement la tenue de ce festival. Un tremplin aussi pour les différentes associations ayant été récompensées lors des différents festivals nationaux, que ce soit à Alger, Tlemcen et Constantine et que M.Guerbas tient à féliciter, saluer le mérite et surtout louer le professionnalisme de certaines d'entre-elles qui ont rehaussé le niveau de la musique andalouse en Algérie. Cette année, un programme aussi riche vous est proposé. De la musique malouf avec l'ensemble régional de Constantine et de la musique ottomane avec le Stambouli Sanat Music, demain. Des Muwahachahat d'Alep avec l'ensemble syrien Nabil Kassis et du chant malouf avec Abbas Righi le mardi 16 décembre, guitare portugaise ancienne par Pedro Jola puis concert de l'association Awtar de Tlemcen, le mercredi 17 décembre, la guitare manouche et malgache avec Michel Randria, suivi de Dar El Ghernata de Koléa, le jeudi 18 décembre, du baroque espagnol avec Capella de Ministres puis l'ensemble régional de Tlemcen, le samedi 20 décembre. L'association Maqam de Constantine suivie de l'ensemble iranien Varashan, le dimanche 21 décembre, Association Djennadia de Boufarik puis le Jawq El Qyrawani de Tunis, le lundi 22 décembre, concert de chabab el andalous de Rabat le mardi 23, ensemble régional d'Alger puis ensemble de malouf libyen le mercredi 23 décembre et enfin, l'ensemble national algérien de musique andalouse dirigé par Rachid Guerbas avec les solistes Chaouli, Benmiloud et Rouana qui clôtureront en beauté la soirée du jeudi 25 décembre. Plusieurs conférences sont également prévues en parallèle à ces soirées. On notera celles des musicologues Nabil Kassis de Syrie, Amine Debi du Maroc, Hassen Aribi de la Lybie etc. Aussi, la guitare, le qanoun, le luth qui ont traversé les siècles seront des instruments à l'honneur durant ce Festival international qui se veut répondre à la qualité qu'exige le professionnalisme et ainsi puiser de la tradition ce qu'elle a de plus authentique en termes de création et de sève artistique. A propos des artistes Nassima, Behdja Rahal et autres interprètes de la musique andalouse dont on accuse le festival -à tort ou à raison - de les marginaliser, M.Guerbas, franc et sans ambages dira: «S'ils peuvent nous ramener quelque chose de nouveau, ils sont les bienvenus. L'an prochain nous aurons Nassima qui est déja programmée. Notre but est la recherche de la profondeur de la qualité du festival.»