Patrimoine n En dépit de la patine du temps et des séquelles irréversibles laissées par l'homme, la casbah de Dellys a su garder un cachet atypique, forgé par un passé glorieux auquel est associé une beauté naturelle exceptionnelle. Cette belle ville nichée à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer est naturellement protégée contre les courants marins et les vents d'ouest par un long promontoire, connu sous le nom de cap Bengut, au-dessous duquel se love un vieux port turc. Elle, est traversée par la RN24 sur toute sa longueur, s'étirant depuis Takdempt, à l'ouest, jusqu'à la nouvelle ville, à l'est de l'oued Oubay. Au cœur de ce long boulevard, se situe la vieille ville, communément appelée la casbah de Dellys, qui était considérée jusqu'à un passé récent, comme le pouls de la ville. Aujourd'hui, ses échoppes, dont beaucoup sont désertées par leurs propriétaires, laissent apparaître des plaies béantes, dues aux aléas du temps, mais principalement au séisme de mai 2003, qui avait durement ébranlé ses vieilles constructions et fait disparaître du coup des pans entiers de la mémoire matérielle et immatérielle. Il n'en demeure pas moins que le visiteur à Dellys est irrésistiblement happé par la multitude de vestiges historiques encore visibles dans les dédales de sa casbah et de ses ruelles, où ont été recensées quelque 200 vieilles bâtisses datant de l'époque ottomane. Le vieux port, le phare de cap Bengut, la vieille mosquée du centre ville, l'école coranique Sidi Amar, le tombeau de Sidi el-Harfi et le mur d'enceinte ceinturant cette cité sur plus de 2 000 mètres, constituent notamment autant d'attractions sur lesquelles peuvent se fixer encore de nos jours les yeux des visiteurs avertis. Mais c'est surtout l'histoire glorieuse, à la limite de la légende, de la ville de Dellys, qui fait la fierté de ses habitants, à l'instar de Ami Rabah Edelssy (70 ans) qui considère que la «position géographique de cette ville est à l'origine des différentes convoitises et civilisations qui se sont succédé dans la région». Parfois, l'on peut ainsi surprendre des Dellyssiens nostalgiques, assis sur un rocher dans la quiétude du cap Bingut ou sur un banc de la place dite de la Guinguette, mais dont il ne reste aujourd'hui que le nom, en train de suivre le passage des navires, voguant vers de lointains ports, ou simplement contempler la grande bleue, s'imaginant voir accoster les rivages de la région, les navires des corsaires et autres envahisseurs. C'est ce riche passé que les habitants de Dellys tentent aujourd'hui de préserver coûte que coûte en exhortant les autorités concernées à manifester davantage d'intérêt pour le patrimoine de leur ville et pour tous ses vestiges et patrimoine, dont de vieux manuscrits détenus par plusieurs citoyens. Ils désirent, à cet effet, pouvoir les réunir dans un musée digne de la renommée de cette cité. Selon les historiens, l'édification de la vieille Casbah de Dellys remonte à l'époque ottomane, qui la baptisèrent «Tiddiles». Elle était alors constituée d'un ensemble de constructions bien agencées et divisées par des rues et ruelles, possédant toutes les commodités de vie nécessaires sur une surface globale de 1 200 ha. R. L. / APS