A une centaine de bornes de la capitale, le vieux phare de Ben Gut veille paisiblement sur la navigation. Un faisceau lumineux nonchalant qui rappelle les bons vieux jours de ce cap qui continue à fonctionner à la paraffine. Niché sur un splendide monticule, le phare de Dellys, rongé par tant d'années d'érosion persiste dans sa surveillance lumineuse. On ne saurait se départir des magnifiques vergers de La Djena ou jadis les anciens de Dellys prenaient congé estival. La traditionnelle pause-café au jasmin s'impose dans chaque maison qui se respecte. L'antique Casbah qui tient sa renommée au-delà de l'empire ottoman résiste aux aléas du temps. Elle attend patiemment qu'on vienne la restaurer. L'UNESCO l'ayant classée comme patrimoine universel, la vieille citadelle chavire sous les coups de boutoirs d'indus occupants. Désertée par les siens, elle continue à espérer à sa restauration qui n'arrive toujours pas. En contre-bas de la cité, le vieux port qui a tant abrité Barberousse et ses troupes dégage encore les effluves d'un passé plein de gloire. Ce fut la forteresse imprenable qui découragea les revanchards de la Reconquista. Aujourd'hui, la ville de Dellys, dans ses lettres de noblesse interpelle l'Histoire sur l'oubli et l'abandon qui règnent sur la cité. N'est pas Dellysien qui veut. L'épreuve par la mer se veut un gage qui tient des anciens. Une recette magique qui se traduit tout simplement par la culture marine. Le fief du cochon de mer contesté par le mérou dans le fond des récifs de Talaouldoune. Chacun y va de son récit de marin pour vous plonger dans les entrailles d'une ville qui n'a pas fini d'étonner. Russecurus pour les Romains, elle reprend forme dans son habitacle andalou qui fait d'elle la Mharoussa (la protégée). Dans son dernier sursaut d'orgueil, la ville se fait belle cette année dans l'espoir de regagner sa place parmi les grandes cité méditerranéennes. Une véritable kermesse se prépare pour donner le ton à une opulence riche en variétés printanières. Cette année, Dellys sortira t-elle de l'oubli ? Elle promet une revanche sur le sort qui lui fait faux bond. Que de promesses faites à l'endroit de la vieille ville ! Le séisme qui a ravagé une bonne partie du vieux bâti en 2003, a laissé des cicatrices. Sur la muraille lézardée en courant la Casbah, on peut lire toute la désolation de la cité. Une image d'Epinal figeant toute une culture urbanistique marquée par la bêtise humaine. Mohamed Bentaleb.