Tradition n Les métiers traditionnels liés à la culture des fleurs sont peu connus. Pourtant, certaines régions en ont fait une tradition, à l'image de Blida et l'art de la distillation Maa Zhar. Blida appelée autrefois la ville des Roses était incontestablement la région la plus verdoyante du pays. Célèbre pour ses fruits et ses fleurs depuis sa création il y a quatre siècles, la ville continue à perpétuer ce passé aux senteurs de rose. Les senteurs des rosiers qui fleurissent dans cette ville ont entraîné dans leur sillage plusieurs métiers, dont certains agonisent. Il s'agit entre autres de la distillation de l'eau de rose et des essences floristiques. Hérité de génération en génération et conservé jusque-là précieusement, ce métier semble aujourd'hui ne pas trouver preneur. «Le métier périclite avec la disparition des derniers distillateurs, à l'image de Mme Kheira Kerdjadj», déplorent les professionnels du métier. Le procédé consiste à récupérer l'eau de condensation des fleurs de l'essencier de l'alambic (vase de décantation en cuivre). A une température ajustée pendant quatre heures, l'alambic dégage une vapeur qui, traversant les roses, se transforme en «eau de rose». Celle-ci est ensuite récupérée dans un autre récipient qui sera vendu près de 400 DA/litre. Outre la rose, le jasmin dans ses deux variétés, blanche et jaune, le giroflier, le narcisse et bien d'autres fleurs sont également utilisés dans la distillation. L'eau de rose est toutefois la plus utilisée aussi bien en gastronomie que pour ses vertus médicinales. Elle est un choix de prédilection dans l'industrie cosmétique, où elle entre dans la composition de plusieurs crèmes, parfums et autres produits de beauté. La tradition blidéenne veut également que la mariée soit aspergée d'eau de rose avant de rejoindre le domicile conjugal. Un produit de beauté naturel qui se fait rare, notamment avec la disparition progressive de ces artisans et les secrets de fabrication. Pour la pérennité de ce métier ancestral, des associations de la ville de Blida recommandent l'introduction de cette spécialité dans le cursus de la formation professionnelle. Certains jeunes seraient très intéressés par cette activité qui mérite un autre sort que l'extinction.