Les rives de l'Italie voisine n'attirent plus Jamel, un Tunisien «champion» des voyages clandestins périlleux, qui vise désormais d'autres frontières pour vivre coûte que coûte son «rêve européen» en France. Jamel, 36 ans, raconte avoir connu pendant ses multiples voyages clandestins pour entrer en Europe, les geôles «turques, grecques, égyptiennes, marocaines». Mais malgré tout, et même les nombreuses lacérations qu'il s'est faites «avec une lame» sur le ventre, «dans une prison libyenne pour pouvoir revenir en Tunisie», il se dit prêt «à repartir». «Au moins en Europe, dit-il, je peux vivre vraiment, je me fous de Lampedusa (centre d'accueil en Italie), je me fous de Schengen, j'ai un objectif que je veux atteindre : émigrer, trouver un boulot, avoir plein de fric et vivre comme les autres !» «Je partirai seul et je réussirai à arriver en France», et «il n'y a pas que l'Italie pour rentrer en Europe, la Macédoine, le Monténégro, la Bosnie, la Bulgarie ont des frontières souples et je finirai par entrer en France». Surnommé «le boss», Mahmoud, la cinquantaine, a vécu pour sa part «20 ans à Naples, où tous ses voyages ont été illégaux», avant de regagner récemment la Tunisie. Les jeunes Tunisiens veulent, selon lui, «vivre à tout prix en Europe à cause de la misère, des poursuites judiciaires et préfèrent mener une vie de misère en Europe plutôt qu'en Tunisie».