Menacé par le terrorisme, le Maroc opère actuellement une véritable traque dans les milieux de l'immigration clandestine. Cette traque, qui est principalement menée au niveau des axes Oujda-Nador et Nador- Casablanca par les services de sécurité marocains, cible particulièrement les Algériens se trouvant en situation irrégulière sur le sol marocain pour une raison ou pour une autre et ce, au mépris de toutes les lois internationales des droits de l'homme et celles de bon voisinage, apprend-on de source frontalière généralement bien informée. Ici, à la frontière algéro-marocaine, la tension est au maximum et les populations sont sur le qui-vive. En effet, nous apprennent de bonnes sources, la présence de plusieurs jeunes terroristes marocains fuyant le rouleau compresseur, mis en place par les services de sécurité marocains, et cherchant à s'introduire clandestinement en territoire algérien a été signalée. Ceux-ci, poursuit la même source, nous ont été signalés comme portant des ceintures explosives dissimulées sous leurs effets mais non identifiés par les services de sécurité marocains. Actuellement, nous fait-on savoir encore, des centaines de ressortissants algériens se trouvant au Maroc sont systématiquement arrêtés et emprisonnés dans les geôles marocaines où, après avoir subi les pires atteintes à la dignité humaine de la part des services de sécurité du royaume, sont reconduits et rejetés manu militari de nuit à la frontière algéro-marocaine sans aucune autre forme de procès, non sans avoir été au préalable, dépouillés de tout document de voyage. Côté statistiques, en ce qui concerne l'immigration clandestine à nos frontières, il faut savoir que durant le premier trimestre de l'année en cours les éléments gardes frontières de la wilaya de Tlemcen ont intercepté pas moins de 350 individus, dont près de 300 sont de nationalité algérienne et pas moins d'une trentaine de nationalité marocaine, qui ont été rejetés de nuit en territoire algérien par les services de sécurité marocains. Pour rappel, durant l'année 2006, les gardes frontières algériens ont procédé à l'arrestation de 660 Marocains qui tentaient de s'introduire clandestinement en territoire algérien ainsi qu'à l'interception de 290 Algériens rejetés de nuit par la soldatesque marocaine. Les statistiques présentées par la Sûreté de wilaya concernant les clandestins arrêtés sur le territoire de la wilaya, pour le premier trimestre de cette année, font état de l'arrestation de 320 individus dont 261 sont de nationalité marocaine. De nombreux Algériens, nous fait savoir un groupe d'une dizaines de refoulés que nous avons pu approcher, sont en ce moment systématiquement arrêtés, malmenés et emprisonnés sans procès, certains l'ont été alors que leur seul tort était d'avoir franchi clandestinement la frontière afin de rendre visite à des membres de leur famille installés au Maroc depuis déjà des décennies. “Pour ma part, nous confie l'un d'entre d'eux, originaire d'Oran, je m'étais déplacé pour rendre visite à ma sœur qui est mariée à un Marocain et qui était sur le point d'accoucher.” Et d'ajouter : “C'est son mari qui a signalé ma présence au Makhzen, ils sont venus m'arrêter le lendemain matin de mon arrivée alors que j'étais encore au lit. J'ai été aussitôt passé à tabac par les services de sécurité marocains qui voulaient à tout prix me faire passer pour un terroriste.” “Après avoir croupi pendant plus d'une quinzaine de jours en geôle dans des conditions inhumaines, nous avons été regroupés dans un camion militaire, moi et une vingtaine d'autres détenus d'origine algérienne et africaine vers huit heures du soir et nous avons été conduits aussitôt vers la frontière pour être remis aux gardes frontières marocains qui, sous la menace de leurs armes, nous ont contraints à regagner le territoire algérien.” Notre interlocuteur poursuit : “Lorsque nous leur avons demandé de nous restituer notre argent et nos pièces d'identité, les militaires marocains nous ont ri au nez en nous traitant de terroristes.” Ali Moussa Jamel