Résumé de la 1re partie n A l'origine un accident de voiture. Les gendarmes arrêtent celui qu'ils croient responsable... Le deuxième gendarme dispose avec soulagement. Le commissaire tourne une nouvelle page de son dossier et appelle les gendarmes de Bregenz. Ils sont deux. Double-patte et Patachon, les gendarmes de Bregenz, ont dû se lever ensemble du banc où ils étaient assis dans le couloir, car ils se présentent ensemble à la porte et s'y bousculent un instant. Patachon, le plus petit, l'emporte sur Double-patte le plus grand et entre le premier. «Asseyez-vous, messieurs, et dites-moi ce que vous savez...» De leur vrai nom Rohman et Bergeletz, les deux hommes se regardent. C'est qu'ils ne savent rien, justement. Et c'est bien ça le drame. Rien du tout. Lorsqu'ils sont arrivés sur les lieux de l'accident du 1er avril 1979, l'inspecteur Schultz leur a montré les deux jeunes gens en leur demandant de conduire le coupable à Hochst. Là-dessus, il est parti. Ils ont eu l'impression que l'inspecteur avait désigné Peter Studer. Ils lui ont donc passé les menottes pour le conduire à Hochst. «Et à Hochst, qu'est-ce que vous avez fait ? — Eh bien, on est passés à la mairie pour voir Karl, le policier de la commune... Y avait personne... On a pris la clef de la cellule, qui est dans la cave de la mairie, et on a enfermé Peter Studer. Et puis on est repartis.» Le commissaire n'en revient pas. Donc, c'est ainsi qu'aurait commencé cette incroyable histoire ? Aussi bêtement ? Il rappelle alors les premiers gendarmes, Wilhem et Solenz : «Alors... dit-il. Vous ne vous êtes pas inquiétés de savoir si vos collègues de Bregenz avaient amené le coupable ? — Non, monsieur le commissaire, on a pensé, puisqu'ils ne nous ont rien dit, qu'ils ne l'avaient pas arrêté. Et vous, les gendarmes de Bregenz, vous n'avez pas pensé à les prévenir ? — Ben non, monsieur le commissaire, puisqu'ils nous avaient dit de le faire, on l'a fait, c'est tout. — Donc personne n'a prévenu Karl, le policier de la commune ? — Ben non, monsieur le commissaire.» Le commissaire, atterré, secoue la tête en se frottant la barbe : «C'est bon. Vous pouvez disposer. Mais vous, gendarme Solenz, conduisez-moi. Je veux voir cette cellule.» Au plus profond de la cave de la mairie, il existe une porte munie d'une énorme serrure. Le gendarme Solenz qui, au passage, a pris une clef dans le bureau du policier de la commune, l'ouvre avec peine malgré la puissance évidente de sa poigne. Puis il tourne vers le commissaire son regard d'épagneul et son front minuscule plissé d'inquiétude : «Entrez, monsieur le commissaire...» C'est un couloir de cinq ou six mètres de long, faiblement éclairé et qui ruisselle d'humidité. Sur les côtés, plusieurs portes. Le gendarme explique : «Des pièces où y a des vieux trucs, monsieur le commissaire. — Des vieux trucs ? Vous voulez dire des archives ? — Oui, monsieur le commissaire.» Le commissaire renifle avec son grand nez l'odeur de moisi et pense qu'elles doivent être pourries, ces archives. Au bout du couloir, il aperçoit la porte caractéristique d'une cellule : massive, blindée, munie d'un judas fermé par une énorme targette. C'est donc dans cette cellule d'à peine quatre mètres sur trois, sans lavabo ni water, simplement équipée d'un châlit, que s'est retrouvé le 1er avril vers midi, le jeune Peter Studer, dix-huit ans, 1,80 m, 78 kilos, et particulièrement confiant. (A suivre...)