Résumé de la 1re partie n Bernie apprend à ses enfants que Sandra, leur maman, est partie à Montréal... Et qu'est-ce qu'elle est allée faire à Montréal ? Elle n'a pas dû y mettre les pieds depuis qu'elle s'est mariée avec papa il y a dix-huit ans. Elle a dit où l'on pouvait la joindre ? — Foutez-moi la paix ! Votre mère est assez grande pour se débrouiller toute seule. Cela clôt la discussion dans la maison de Sandra et Bernie. Or, en cet automne 1994, dans ce tout petit village aux maisons de bois pimpantes et aux jardinets proprets entourés de barrières aux couleurs vives, les habitants, au hasard de leurs courses, échangent des nouvelles — Et Sandra, vous l'avez vue récemment ? — Ma foi non, maintenant que vous en parlez, ça fait un bon bout de temps que je ne l'ai pas aperçue. — Vous ne trouvez pas ça bizarre, vous ? — Oh ! vous savez, avec elle on peut s'attendre à tout. Sandra Tourille a 32 ans, une forte poitrine et un tempérament qui va avec. Les gens du village qui portent un nom anglo-saxon attribuent ses capacités sexuelles à ses origines françaises. Ceux qui, comme elle, portent un patronyme normand ou charentais s'abstiennent de tout commentaire. Il faut dire que Sandra, avec ses cinq enfants qui pourraient bien être de cinq pères différents, n'est pas un exemple de moralité militante. Mais tout cela n'est que de la médisance. Sandra a bien eu un mari, reconnu père légal de ses cinq enfants. Un jour, il en a eu assez de Sandra et de sa progéniture. Alors, il a obtenu le divorce. Sans doute avait-il de bons arguments à faire valoir auprès du juge. — Vous savez, depuis qu'elle a divorcé, elle a mené une vie de patachon. — Ah bon ? Je croyais qu'elle s'était mise en ménage avec Bernie Pulltrap... — Vous parlez d'une affaire : un bon à rien qui vit d'on ne sait quels trafics louches. D'ailleurs, ça n'a pas tenu. Ils ont fini par se séparer. — Avec ses cinq mômes, ça ne doit pas être facile pour elle. — Oui, mais le Pulltrap il est allé faire un tour derrière les barreaux : vols de voiture et escroqueries à la petite semaine. En voilà encore un joli coco ! — Mais non ! Vous n'y êtes pas : Pulltrap a été libéré la semaine dernière, ma belle-sœur l'a aperçu dans la rue, il allait vers chez Sandra. Vous pensez qu'il y aurait un rapport entre son retour et le fait qu'on n'ait pas vu Sandra depuis quelques jours ? — Bah ! ce ne sont pas mes oignons. Ils font ce qu'ils veulent. Elle ne me tient pas au courant de ses faits et gestes. On ne l'a pas vue depuis quelques jours, un point c'est tout. S'il fallait alerter la police montée chaque fois qu'une écervelée part à Montréal, où irait-on ? Pourtant, la police montée aura bientôt son mot à dire sur cette affaire car quelques jours plus tard, à défaut de retrouver Sandra, on retrouve au détour d'un chemin forestier sa voiture. Ce qui est inquiétant, c'est qu'il y a des traces de sang sur le siège avant... Le laboratoire de la police fait analyser ce sang et le résultat de l'analyse est peu rassurant : le sang dans la voiture est celui de Sandra. — Il y a fort à parier que la dénommée Sandra Tourille a été victime d'un meurtre. — Quel est le principal suspect ? — Chef, il y a ce Bernie Pulltrap. Il sort du trou. — Qu'on l'interpelle et qu'on voie un peu ce qu'il a dans le ventre ! C'est ce qui est fait sans grosse difficulté. Bernie, quand on vient le cueillir chez Sandra, prend des airs de circonstance : — Je n'y suis absolument pour rien. Elle a pris sa voiture et m'a dit : «Je vais une semaine à Montréal, chez ma copine Hilda.» (à suivre...)