InfoSoir : Quel constat faites-vous sur l'apiculture en Algérie ? Et quelles sont, selon vous, les capacités actuelles de production ? M. Lekhal : L'apiculture se porte très bien en Algérie, si on la compare à d'autres pays et en particulier dans les pays arabes. Celle que j'ai connue dans les années 1966/1967 a totalement disparu. Elle a été remplacée par une autre plus moderne. On récoltait à l'époque 2 à 3 kg/ruche traditionnelle, et tout le monde était content, car la production était domestique destinée uniquement à la consommation personnelle. Les apiculteurs ont soulevé de nombreux de problèmes qui freinent, selon eux, le développement de cette filière. Que fait la fédération que vous présidez pour y remédier ? Rien ne freine le développement. Ce sont des problèmes qui n'ont pas été réglés par les apiculteurs, car il s'agit de leur métier, leur gagne-pain... Et c'est à eux de trouver des solutions. Les apiculteurs ont l'habitude d'être assistés, alors que nous, nous avons besoin tout simplement d'êtres accompagnés. Le social, c'est terminé dans tous les domaines. Rien ne peut freiner un développement quand la volonté y est. Pour solutionner ces problèmes dont je n'ai pas connaissance personnellement, il faudra du temps, des sacrifices, s'engager financièrement, sortir un peu de l'individualisme et de l'égoïsme. Les apiculteurs doivent s'organiser localement, dans les wilayas, dans des associations, et ainsi tous les problèmes seront réglés au niveau local. Tous les dossiers seront décentralisés au niveau des wilayas et la fédération ne s'occupera que des relations à haut niveau, notamment avec le ministère. Mais aussi à l'international. Toutes les associations de wilayas, à l'exception de quelques-unes, ont été encouragées par la fédération. La plupart des apiculteurs sont des universitaires, donc ils peuvent dialoguer avec les responsables locaux (DSA - Conservations des forêts - CAW) pour régler leurs problèmes. La fédération peut jouer le rôle de régulateur ou d'arbitre en apportant le soutien aux questions soulevées localement. Le ministère s'est assigné pour objectif d'atteindre 100 000 tonnes de production à l'horizon 2014. Estimez-vous que cela soit vraiment raisonnable ? La Fédération nationale des apiculteurs algériens, avec les quelques personnes qui sacrifient un peu de leur temps à ce travail, est arrivée à faire inscrire un programme apicole 2009-2014, pour 1 million de ruches peuplées, avec les accessoires nécessaires pour le travail du futur apiculteur. Cela dit, mettre sur le marché, pour la même période, 100 000 tonnes de miel est du domaine du possible. Sinon, nous serons considérés comme de mauvais apiculteurs, du moins pas performants. Nous avons convaincu le ministre de l'Agriculture et du Développement rural de la signature d'un contrat de performance entre les services des forêts et nos coopératives apicoles, d'obtenir un cahier des charges d'activités. * Président de la Fédération nationale des apiculteurs algériens.