Débat n Un colloque sur la critique théâtrale contemporaine est ouvert depuis hier, à la salle El Mougar, en marge de la 6e édition du Festival national du théâtre professionnel. C'est une rencontre de trois jours à laquelle prennent part des dramaturges, des critiques de théâtre, des écrivains et universitaires algériens et de pays arabes qui tenteront d'apporter un éclairage nouveau sur l'évolution de la critique théâtrale dans le monde arabe. Dans son intervention, Kamel Bendimerad, critique d'art dramatique, a soutenu l'idée que «la critique théâtrale constitue un des vecteurs du développement et de l'épanouissement du théâtre». Et d'expliquer : «Parce qu'elle permet aux comédiens comme aux metteurs en scène d'être plus rigoureux, et donc plus professionnels, dans leur travail.» Il a ensuite souligné : «Sans critique, les pièces de théâtre à l'instar de tout autre acte de création, seraient des œuvres inaccomplies, voire sans vie.» Pour sa part, Azzeddine Djelaoudji, de l'université de Sétif, a, dans son intervention, abordé l'état actuel de la critique théâtrale en Algérie. Il considère que la critique théâtrale est très minime en comparaison avec la production des dramaturges. «Le théâtre algérien compte seulement 70 textes critiques produits lors des ces dernières 70 années», a-t-il affirmé, et de poursuivre : «La critique théâtrale a fait une apparition tardive, ce qui a immédiatement conduit à un certain déséquilibre entre le théâtre et la critique.» De son côté, Abdelkader Heni, président du colloque, a estimé la nécessité d'intégrer l'enseignement du théâtre sur les bancs de l'école. «Ce serait un moyen idéal de rehausser la qualité du 4e art et l'appréciation du public algérien», a-t-il dit, et de rétorquer : «S'agissant de la critique dans notre pays, il est clair qu'il faut encourager les critiques algériens, car il ne peut y avoir de théâtre sans critique susceptible de le soutenir, et sur laquelle pourront s'appuyer les metteurs en scène et les créateurs.» Nadjib Stambouli, critique, a fait savoir, quant à lui, que «la critique théâtrale contribue à éveiller l'esprit critique chez le public». De son côté, Bouziane Ben Achour, journaliste-écrivain et aussi critique, a tenu à préciser que «la critique théâtrale joue également un rôle de rapprochement entre l'artiste et le public». Il a, en outre, déploré le peu d'intérêt accordé au théâtre et à la culture d'une manière générale dans la presse écrite d'aujourd'hui. «Un état de fait qui a diminué la critique de théâtre ou de tout autre art», a-t-il regretté, et de plaider : «Il faut des revues spécialisées pour permettre la promotion et le développement de la critique théâtrale.» Ainsi, constituant le maillon faible de la dynamique théâtrale en Algérie comme au Maghreb, la critique théâtrale vit, de nos jours, une véritable mise à l'écart en l'absence de structures sérieuses pouvant assurer la pérennité et la productivité des critiques. Face à une multitude de déficits dans le domaine de production théâtrale, formations et colloques scientifiques (ces derniers sont organisés souvent durant les festivals), cet art est actuellement pris en otage de l'inactivité. Notons que le colloque sera sanctionné par une série de recommandations qui seront présentées à la clôture su festival.