Production n La récolte d'abricots atteindra cette saison le niveau «record» de 367 000 quintaux dans la wilaya. L'apparition du «coryneum», une maladie cryptogamique à laquelle l'abricot est très sensible, et les chutes de grêlons qui ont affecté certains vergers, n'empêcheront pas ce fruit d'inonder le marché dans quelques jours. La production aurait pu être encore plus importante au vu des précipitations exceptionnelles enregistrées en avril et mai derniers, «n'était ce maudit coryneun», regrette un peu le directeur des services agricoles, Mohamed-Lamine Grabsi. La montée du mercure et l'augmentation du taux d'humidité, ces deux derniers mois, ont favorisé le développement de ce champignon qui a affecté, sur le plan de la qualité, 10 à 20% des vergers de la wilaya. Le prix élevé des traitements phytosanitaires et le manque de moyens des petits fellahs ont fait qu'une grande partie des agriculteurs touchés n'a pu lutter efficacement contre ce parasite, affirment des producteurs de la commune de Sefiane. Selon Abbas Chelihi, arboriculteur près de cette localité, certains cultivateurs ne se sont même pas aperçus de l'infection de leur champ par le coryneum qui commence par toucher les feuilles de l'arbre avant de s'étendre au fruit en cas de non-traitement. Cependant, ce parasite n'a affecté qu'un nombre limité de vergers, ce qui permet de s'attendre à une récolte représentant plus du double de la production de la saison dernière, soit 149 000 quintaux avec, en prime, un fort accroissement des rendements de 120 quintaux à l'hectare contre 41 q/ha en 2010. Nombre de producteurs de la région sud-ouest de la wilaya de Batna (Ras Layoune, Ouled Si Slimane et N'gaous) misent actuellement sur l'exportation de leurs abricots dont la qualité est reconnue sur le marché national, soutient Belgacem Regaâ, président de l'association Amel pour la promotion de l'agriculture à Sefiane qui estime que l'actuel défi est de «gagner la confiance des opérateurs étrangers». Cet agriculteur rappelle que l'abricot de cette région avait suscité, au cours des dernières années, un vif intérêt auprès d'importateurs européens, même si l'exportation de ce fruit, a été, déplore-t-il, très timide jusqu'ici à cause du manque de promotion et des problèmes de conditionnement. De plus, l'irrigation des vergers à partir de petits forages, selon des procédés traditionnels, constitue l'autre problème qui taraude les paysans de la région. Ces derniers assurent que le devenir de ce patrimoine arboricole en pleine croissance est «tributaire de la réalisation de seguias modernes pour acheminer l'eau du forage principal». L'intervention de l'Etat, dans les années 1990, pour sauver la culture de l'abricot dans la wilaya de Batna, confrontée alors à plusieurs difficultés, avait donné lieu à la mobilisation de un milliard de 1,300 milliard de dinars ayant ciblé 2 500 hectares des régions de N'gaous, de Sefiane et de Boumegueur pour la réalisation de forages, de bassins, de retenues et pour l'extension du réseau électrique. L'opération a permis de revitaliser la filière, dès le début de l'actuelle décennie. Une action d'autant plus opportune que les vergers d'abricotiers représentent le quart de la superficie consacrée à l'arboriculture fruitière dans la wilaya de Batna. Aujourd'hui, dans les Aurès, la culture des abricots se situe, en termes de superficie, au 3e rang, juste derrière l'exploitation des oliviers et des pommiers.