Encore une fois, les discours des responsables de la santé publique concernant la prise en charge à l'étranger des «cas spéciaux» s'avèrent creux et sans suivi réel sur le terrain. Le cas des deux sœurs siamoises, Selsabil et Zakat, de la région de Oued El Athmania, qui attendent un transfert à l'étranger pour une chirurgie de séparation de leurs têtes depuis 30 mois, confirme cette attitude méprisante des pouvoirs publics. Le père, Aïssa (petit commerçant), et son épouse, Safia, ont longtemps sollicité une «intervention agissante» des hautes autorités du pays, mais leur cri de détresse est resté lettre morte. La mère confie qu'elle endurait avec son époux, depuis la naissance des deux fillettes, un «véritable calvaire qui dure depuis deux années et demie». Nées il y a 30 mois à la maternité de Sidi-Mabrouk, à Constantine, Selsabil et Zakat souffrent, en plus de leur problème congénital, d'une extrême maigreur puisqu'elles ne pèsent ensemble que 16 kg. Un suivi médical leur est assuré depuis leur naissance à l'hôpital universitaire de Blida, mais l'opération de séparation, «extrêmement délicate», ne peut être effectuée qu'à l'étranger. Et ce n'est qu'hier que le wali de Mila s'est rendu en compagnie de journalistes, de citoyens et de nombreux responsables, au domicile de fillettes au village Kniouia, à 7 km de la commune de Oued El Athmania pour faire part à leur père de la «disponibilité de l'Etat algérien» à prendre en charge ce cas difficile, 30 mois après ! Il a décidé, en attendant cette prise en charge, de la remise d'une aide d'urgence de 200 000 DA à la famille à qui il a promis d'entamer des «démarches urgentes auprès de la commission compétente en vue d'une prise en charge de l'opération de séparation des deux sœurs siamoises». Mieux vaut tard que jamais.