Ce conte met en scène la terrible ogresse Tériel. Ce personnage monstrueux figure dans un grand nombre de contes kabyles. Ici elle vient tisser bénévolement des couvertures chez une pauvre veuve, mais, on se doute, la suite sera funeste... Maléfices, épreuves et résolution des maléfices se succèdent. Autrefois, dans une vieille maison en pierre, vivait une pauvre veuve, mère de sept enfants. La malheureuse se retrouve sans aucune ressource, lorsque son époux décède d'une longue et terrible maladie. Elle doit donc affronter seule les difficultés de l'existence. Pour nourrir ses enfants, elle accepte tous les travaux qu'on lui propose et s'acquitte de ses tâches correctement afin de gagner quelque argent... Ses fils se chargent de l'aider à l'extérieur, tandis que ses filles s'occupent du foyer. La vie est bien pénible pour cette famille nombreuse. Quand l'hiver approche, la veuve a peur que ses enfants ne meurent de froid. Alors, à l'aide de bouts de laine recueillis, ici et là, elle se met à tisser, tard dans la nuit, une large couverture de laine. Par une nuit plus fraîche que de coutume, alors que la pauvre femme s'use les yeux à tisser jusqu'à une heure avancée de la nuit, que ses enfants dorment profondément, collés les uns aux autres, comme s'ils avaient peur d'être séparés... Brusquement, la fragile porte d'entrée claque. Apparaît alors une énorme silhouette, si effrayante que la veuve recule. Horrible et repoussante, Tériel l'ogresse se tient sur le pas de la porte, fixant de son regard perçant la pauvre femme toute tremblante. Le monstre avance vers le métier à tisser et rassure la femme terrorisée : «Ne crains rien ! Laisse-moi t'aider !» Stupéfaite et effarée, la veuve ne put prononcer aucun mot. Avec un acharnement démentiel, l'ogresse se met à tisser. La peur au ventre, la veuve pense qu'une fois la couverture achevée le monstre la dévorerait, elle et ses malheureux enfants. Mais le monstre n'en fit rien. Au contraire, dès qu'il eut fini de tisser une couverture, il en entama une autre et ce, jusqu'à l'aube. A ce moment-là, le monstre s'arrête et sort en lançant à la femme : «Voilà tes enfants à l'abri du grand froid ! Rassure-toi, l'hiver prochain, je reviendrai te tisser d'autres couvertures !»