Résumé de la 1re partie A la mort de son mari, une vieille femme doit nourrir ses enfants. Elle se met à tisser quand apparaît une énorme silhouette : l?ogresse Teriel. Au bout de la septième année, alors que l'aîné des enfants avait atteint dix-sept ans, Teriel réapparut un soir d'hiver, comme de coutume. Elle annonça à la veuve : «Voilà sept ans que je t'aide à protéger ta progéniture des morsures du froid. Aujourd'hui, je suis revenue te demander de m'offrir ton fils aîné afin de t'acquitter de ta dette. Pour me témoigner ta gratitude, tu me le donneras, il me sera très utile.» La veuve saisit enfin la fausse générosité qui avait motivé l'ogresse durant toutes ces années. Elle se souvint qu'enfant, sa grand-mère lui contait d'innombrables histoires sur cet horrible monstre qui habitait on ne sait où, qui guettait des proies en difficulté et dévorait ses victimes toutes crues. Elle lui disait toujours que Teriel ne se montrait que pour annoncer un malheur. La pauvre femme réfléchit un peu et pensa que si elle refusait à l'ogresse ce qu'elle exigeait d'elle, celle-ci se fâcherait et serait capable d'avaler toute la famille. Elle se résolut alors à sacrifier son fils aîné, qui était pourtant son préféré. Elle alla le voir et lui dit à voix basse : «Mon fils, toi la première perle de mon collier de vie, tu dois accompagner l'ogresse chez elle ! Je pense qu'elle projette de te dévorer, mais il existe un moyen pour la contrarier et la faire tomber dans l'interdit. Dès qu'elle s'apprêtera à t'emmener avec elle, empresse-toi de lui téter le sein, tu deviendras ainsi son fils et même une ogresse ne peut dévorer son enfant !» Il suivit les recommandations de la veuve. Surprise et dépassée par l'événement, l'ogresse se mit en colère et s'adressa au jeune homme : «Petit misérable ! Tu m'as eue ! Mais je te prendrai malgré tout avec moi.» L'ogresse plongea le jeune homme dans son sac, le mit sur son dos et quitta la veuve bouleversée et déchirée par le départ de son fils aîné. Le monstre marcha durant de longs jours sans s'arrêter. Le jeune homme, prisonnier au fond du sac, ne vit aucune lumière et ignora tout du voyage. Il arrivait à peine à respirer. De temps à autre, le monstre lui glissait un morceau de galette. Il avait soif, mais il résista du mieux qu'il le put. (à suivre...) (*) Extrait des Contes magiques de haute Kabylie, de Salima Aït Mohamed, 1999. Éditions Autre temps, collection Temps contés.