Constat n Les assises de la société civile qui devaient être une opportunité pour renforcer le rôle des associations butent sur le scepticisme affiché par celles-ci quant à la crédibilité de ce rendez-vous. Les premiers états généraux de la société civile algérienne qui ont débuté hier mardi au Club-des-Pins ont été marqués par la présence d'environ un millier de participants venant de divers horizons professionnels, sociaux, culturels et universitaires. Ils représentent dans leur grande majorité les organisations officielles car hormis quelques représentants de syndicats autonomes, nombreux sont les acteurs de la société civile qui ont boudé volontairement ou involontairement cette rencontre. Organisée par le Conseil national économique et social (CNES), cette conférence de trois jours se veut un rendez-vous pour «libérer la parole pour une approche basée sur de nouveaux rapports consensuels entre la base et le sommet de la pyramide sociale de la société civile», a affirmé le président de la République dans un message adressé aux participants lu par le président du CNES en l'absence du représentant personnel d'Abdelaziz Bouteflika. Pour Mohgamed Seghir Babes, ces assises représentent «une déclinaison du printemps arabe à vivre à ciel ouvert pour aboutir à une démocratie participative», même si aux yeux de beaucoup d'invités présents à la grande salle du palais des nations, ces assises n'augurent pas d'un grand changement. C'est le cas de nombreuses associations à caractère sociale qui ne savaient plus où donner de la tête devant le manque d'information. «Tout ce qu'on sait, c'est qu'il y a cinq ateliers. Mais de quoi allons-nous débattre, je l'ignore», déplore une représentante de l'association Iqraa. Même constat chez cette sexagénaire représentant la Société algérienne de médecine légale qui nous confie : «Je reste très sceptique quant aux résultats de ces assises. Ce débat ne changera absolument rien». Et c'est la raison pour laquelle elle dit qu'elle ne reviendra pas pour le deuxième jour. «Nous espérons débattre de toutes les difficultés que rencontrent les associations sur le terrain en matière notamment de lois», souhaite pour sa part Mme Flora Boubergout, présidente de l'association El-Baraka. Loin de ce scepticisme, le président du Forum Crans Montana, Jean Paul Carteron a estimé que cette initiative marque «une volonté du président Bouteflika d'ouvrir un débat que l'histoire rend de plus en plus nécessaire et auquel l'Algérie est particulièrement ouverte, disposée et prête». M. Carteron a souhaité à ces premières assises de déboucher sur «un véritable dialogue constructif». L'organisation de ces états généraux de la société civile «est la meilleure manière d'entreprendre les changements escomptés», a de son côté indiqué Mme Laura Baeza, représentante de l'Union européenne (UE) en Algérie. Enfin, il est à signaler que certaines associations et personnalités ont préféré se retirer peu après l'ouverture des travaux, dont en l'occurrence le président du Cnec et de l'Onem. Ces deux organisations exprimaient ainsi leur désapprobation quant à l'absence du portrait du président de la République et le fait que l'hymne national ait été chanté à moitié. Des associations boycottent «Le respect des droits de l'homme d'abord» Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, les associations et organisations ayant boycotté les états généraux de la société civile ont exprimé leur colère face à «l'incohérence de cette démarche avec la réalité du terrain» marquée, lit-on dans le communiqué, «par des violations quotidiennes des droits de l'homme et des atteintes répétées aux libertés associatives et syndicales». Les signataires rappellent par la même occasion l'interdiction des marches et des rassemblements pacifiques, ainsi que la non-autorisation des réunions publiques. Les signataires de ce communiqué ont aussi relevé la fermeture, toujours de mise, des médias publics aux organisations autonomes et à «toute voix discordante».Ils considèrent par ailleurs que «la vocation des organisations de la société civile est d'être une force autonome de contestation, de propositions et de médiation d'une façon permanente, et non pas conjoncturelle à travers des rencontres alibi de salon». Les associations, SOS disparus, et Rassemblement, action, jeunesse (RAJ) et le Syndicat autonome de l'éducation et de la formation (Satef) qui figurent parmi les signataires refusent de s'inscrire dans cette démarche qui vise, selon le communiqué, «à gagner du temps et à absorber la contestation pour contourner l'exigence de changement exprimée par la société».