Initiative n Le programme portant sur l'art de la parole se poursuivra jusqu'à la fin du mois en cours. C'est un programme entamé dans le cadre de la 6e édition du Festival national du théâtre professionnel et initié par l'ethnoconteur Saïd Ramdani. Il consiste en la promotion des différentes formes de l'oralité (contes, chants, poésie populaire (melhoun), proverbes, dictons… et même rap, slam…), donc du patrimoine immatériel. S'exprimant sur la raison du prolongement de l'art de la parole, Saïd Ramdani qui, pour rappel, a monté, en s'associant avec le dramaturge Ali Abdoun Café Romana, une pièce théâtrale adaptée des textes de Mohammed Dib, dira : «L'intérêt de son prolongement est de porter une contribution, aussi petite soit-elle, dans le cadre du mois de l'enfant.» Notons que la thématique choisie dans l'optique de l'art de la parole est la halqa. «C'est sur cette forme spatiale que nous travaillons parce qu'elle renferme différents registres, expériences et pratiques», explique-t-il. L'art de la parole se décline en une variété de spectacles (Bastion 23, TNA…) mêlant patrimoine oral et expression théâtrale. Car, l'oralité peut se présenter comme une forme théâtrale à part entière. «Le théâtre n'est pas simplement la représentation de pièces sur scène. Il a différents genres, différentes pratiques et différents arts – d'où son appellation de ''spectacle vivant'' – et les arts de la parole font partie des arts dramatiques.» Notons qu'en marge des spectacles, des stages de formation sont initiés à la faveur de ceux qui sont intéressés par cet art ancestral. L'objectif de ces ateliers est, selon Saïd Ramdani, «d'apporter et de favoriser le renouveau du patrimoine oral et sa valorisation. Notre pays est riche de son terroir». Les stages consistent à «construire des images mentales, des attitudes physiques et psychologiques, à favoriser les moyens de les lier entre elles et de les rappeler à notre mémoire.» «Les exercices porteront sur la visualisation, la mémorisation des images et leur traduction littéraire. Nous abordons également la question du regard à l'auditoire et les conditions matérielles souhaitables pour faire d'une ‘conterie' un moment de partage véritable». Interrogé sur le rôle que tient le conteur dans la sauvegarde de la mémoire – ou patrimoine – orale, Saïd Ramdani répondra : «Le rôle du conteur n'est pas de transmettre les versions des conteurs précédents. Il est plus ambitieux et plus risqué que celui du lecteur, du récitant, de l'enseignant ou même de l'historien, c'est-à-dire proposer sa version – sa propre version – du conte qu'il aura choisi de partager avec l'assistance.» Et d'expliquer : «Pour le conteur, l'appropriation d'un conte consiste en une découverte, un défrichage lent et aventureux et ce, afin d'ouvrir un chemin qui lui ressemble, à savoir construire le souvenir d'une histoire qui lui serait arrivée, et dont il se propose en conséquence, d'être le témoin.» Le travail mené par Saïd Ramdani aide non seulement à valoriser le patrimoine oral, donc immatériel, mais aussi à le sauvegarder. Yacine Idjer