Expression n Les compétitions entrant dans le cadre de la 6e édition du Festival national du théâtre professionnel ont pris fin, hier, sur les planches du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi. Cette dernière soirée a été marquée par la présentation de Am lehbal'(l'année de la corde) du Théâtre régional de Skikda. La pièce, mise en scène par Djamel Merrir, est adaptée par le metteur en scène du texte Mustapha Natour. Ce qui est intéressant dans cette pièce, ce n'est certainement pas l'histoire en question, puisque celle-ci traite d'un jeune meddah, un derviche qui constitue avec ses paires une halqa et, aussitôt, il entame, à la manière des anciens, le récit. Ce que l'on retient de la pièce, c'est bien la parole dite, cette oralité admirablement mise en espace. Effectivement, la pièce met en exergue le patrimoine immatériel. Toute la tradition orale est dévoilée aussi bien dans son authenticité que dans sa poésie et ce, à travers l'art de la parole, lequel s'est révélé fort démonstratif, et à travers lequel le meddah s'est montré un authentique conteur au verbe accrocheur, vif, imagé, coloré, voire savoureux. Il s'agit d'une mise en scène – celle-ci est soutenue et avérée – assez particulière, parce qu'elle concerne la parole et ce, à travers le jeu des comédiens. L'on parle d'emblée d'un jeu riche, expressif ; la richesse réside dans cette capacité de dire la parole, ostensiblement et avec aisance ; c'est une performance verbale. Le meddah la révèle, l'étale, il la récite, la déclame presque comme un poème populaire. C'est toute la tradition populaire qui est revisitée avec ses formes et son discours (direct et indirect), ses symboles comme ses métaphores ainsi qu'avec ses traits distinctifs. Tout se dit d'une manière naturelle, le jeu s'avère, en conséquence, évident ; cette évidence rend incontestablement l'interprétation des comédiens apparente, bien agréable et certaine. L'on est transporté aussitôt, dès l'entame de la parole dans l'univers imaginaire et spectaculaire du meddah. Il offre à son auditoire une part du rêve, beaucoup d'émotion. C'est un pur moment de partage. Manifestement, la pièce séduit, plaît, parce qu'elle se veut authentique, voire populaire, notamment avec le langage adopté et adapté à la compréhension du public. C'est de l'arabe dialectal, presque du melhoun (poésie populaire). L'ouïe s'en délecte et ne s'en lasse pas. La pièce ressemble à une q'çida avec ses rimes, ses mesures, ses consonances mélodiques.