Débat n La modernisation de la chanson chaâbie constitue l'un des défis artistiques qu'il faut relever pour assurer la pérennité de ce genre musical ancestral. C'est ce qu'a indiqué, hier, à Constantine, Abdelkader Bendaâmache, commissaire du Festival culturel national de la chanson chaâbie. En tournée d'information et de vulgarisation du chant chaâbi, dans le cadre de journées d'étude pédagogiques sur ce patrimoine dans les wilayas de Constantine et de Jijel, les organisateurs de cette initiative culturelle visent «l'élaboration d'une véritable plateforme pédagogique sur cette discipline musicale pour permettre aux jeunes talents de moderniser, tout en en gardant l'âme, ce chant populaire». L'organisation de ce genre de rencontres artistiques a pour but principal de faire toute la lumière sur l'historique de la chanson chaâbie «taxée d'être une spécialité purement algéroise alors qu'en réalité elle est bien ancrée dans les traditions et les mémoires de plusieurs régions du pays à l'image de Jijel, Constantine, Béjaïa, Mostaganem et beaucoup d'autres wilayas», a affirmé Abdelkader Bendaâmache. L'appellation «chaâbi» avait été pour la première fois donnée par l'artiste Boudali Safir, un pionnier de cette musique dans la wilaya de Mascara, a rappelé Abdelkader Bendaâmache, faisant état de l'existence d'environ une quinzaine d'artistes constantinois ayant affiché de grandes compétences dans la maîtrise de ce style musical inspiré du «fin-fond de la réalité algérienne». Le chaâbi est un chant national qui mérite d'être revalorisé pour «faire face au tsunami des genres musicaux qui envahissent outrageusement la scène artistique, mettant ainsi les jeunes et moins jeunes devant une rude épreuve de dysfonctionnement identitaire», a estimé le commissaire du festival chaâbi. L'organisation de concours annuels pour sélectionner les meilleurs chanteurs de chaâbi figure parmi les méthodes pédagogiques mises en œuvre par le Festival culturel national de la chanson chaâbie pour permettre l'émergence de nouveaux meneurs, qui seront «condamnés» à adapter ce style musical avec les nouvelles tendances exprimées par les générations montantes a, en outre, indiqué Abdelkader Bendaâmache. Dans son intervention au deuxième jour des ateliers de formation et d'information sur la chanson chaâbie, le Pr Abdelkrim Amiour, chercheur, a indiqué qu'«il faut absolument rétrécir le fossé séparant les anciennes figures du chaâbi et l'actuelle génération qui peine à trouver son chemin». «Il faut œuvrer à former une génération de chanteurs chaâbis en mesure d'assurer le relais et de promouvoir cette discipline considérée comme une expression terre à terre de l'état d'âme», a-t-il indiqué dans ce contexte. La poésie populaire dite «melhoun», les techniques de déclamation des textes poétiques, la maîtrise de la transposition et «la corde de l'instrument» figurent parmi les thèmes de formation sur lesquels se pencheront les animateurs de ces journées d'étude, qui devront prendre fin ce dimanche à Constantine pour être lancées, demain, lundi, à Jijel, a-t-on noté. R. C. / APS