Une conf�rence-d�bat sur l�histoire de la chanson cha�bi a �t� organis�e, le 7 mai dernier, � l�Ecole nationale sup�rieure de journalisme et des sciences de l�information (ENSJSI). La rencontre �tait anim�e par Abdelkader Benda�mache, commissaire g�n�ral du Festival national de la chanson cha�bi. Ce qu�il faut surtout retenir, c�est la pr�sence de nombreux �tudiants et �tudiantes parmi l�assistance. Un jeune public qui, en participant au d�bat, a rehauss� l�int�r�t de la rencontre. Plusieurs artistes (dont Youcef Toutah, Nasreddine Galiz�), musiciens et chercheurs sont �galement intervenus dans ce forum d�expression. Accompagn� de son orchestre, le jeune chanteur cha�bi Zohir A�t Kaci a gratifi� l�assistance d�un r�cital, juste � la fin du d�bat. Le lien (la passerelle) avec le monde universitaire ainsi fait, cela peut-il contribuer � susciter des travaux scientifiques sur la chanson cha�bi, plus tard ? Car, au-del� de la riche et passionnante histoire du cha�bi (et que Abdelkader Benda�mache a su si bien raconter), le vrai d�bat est l� : comment rendre ce patrimoine un objet d��tude et de recherche. Pour le sortir de cette sorte de ghetto dans lequel il se trouve actuellement, le faire rena�tre, il manque ce qui n�existe pas encore malgr� toutes les bonnes volont�s du monde, et c�est pr�cis�ment ce fameux socle doctrinal que Abdelkader Benda�mache n�a pas oubli� d�en souligner la n�cessit�. Aujourd�hui, l�enjeu (le v�ritable travail � entreprendre), c�est de conserver les traces de ce patrimoine oral par une d�marche acad�mique. Des �crits et autres recherches pouss�es, des �tudes scientifiques, une r�elle formation sanctionn�e par un dipl�me sont autant d�approches p�dagogiques et m�thodologiques qui pourront impulser un nouvel �lan au cha�bi. La renaissance et l�enrichissement du patrimoine culturel �crit sont � ce prix. �La connaissance et le savoir sont la base de notre travail, notamment avec l�organisation de l��dition annuelle du Festival de la chanson cha�bi�, rel�ve Abdelkader Benda�mache. H�las, ce genre de concours qui rassemble chaque ann�e de jeunes talents ne peut se substituer � une vraie �cole (ou institut) de formation. Mais, � d�faut de grives... Pour en revenir � la communication de Abdelkader Benda�mache, le moins que l�on puisse dire est qu�elle est fort instructive. Ainsi, tout comme le malhoun dont il accueille parfois les formes d�j� consacr�es, le cha�bi fait partie de la tradition populaire chant�e. Lui aussi empruntant aux autres genres, il �tait tr�s utilis� par les po�tes populaires (des narrateurs et commentateurs qui v�hiculaient des messages, et donc les anc�tres des journalistes d�aujourd�hui peut dire Abdelkader Benda�mache). Au d�but du XXe si�cle et jusqu�au d�clenchement de la Deuxi�me Guerre mondiale �tait le madih dini, ce pan�gyrique religieux qui faisait qu�un cheikh �tait appel� el meddah (El Anka, par exemple, c��tait el meddah Mohamed). Ce n�est qu�en 1946 que le grand Boudali Safir a remplac� le terme madih par l�appellation cha�bi (populaire), pour le distinguer des quatre autres genres que sont l�andalou, le badaoui, le kabyle et le asri (le moderne). Depuis, on parle d�sormais de cha�bi, et ce n�est qu�en 2005 que la d�nomination d�finitive de �chanson cha�bi� a �t� adopt�e. En l�espace d�un si�cle environ, il y a eu quatre g�n�rations de chanteurs cha�bi et chaque artiste avait sa personnalit�, notamment pour la troisi�me (celle des Guerrouabi, Ezzahi, El Ankis, etc). Dans les ann�es 1970, rappelle Abdelkader Benda�mache, le regrett� Mahboub Bati avait beaucoup contribu� � promouvoir le cha�bi. Il lui avait donn� un nouvel �lan, gr�ce � la chansonnette, ce grand parolier ayant insuffl� de l�oxyg�ne aux m�lodies de l��poque. Depuis l�introduction du sahli par El Anka, le cha�bi s�est toujours distingu� par son ouverture � d�autres genres qu�il a int�gr�s et assimil�s (dont l�andalou, l� aroubi, l�occidental, le latino m�me). Il s�est �galement enrichi par de nouveaux instruments de musique, de fa�on progressive. L�espace esth�tique de la chanson cha�bi reste un espace ouvert et en continuelle transformation. Pour une raison bien simple : le cha�bi parle de ceux qui le vivent, il est le t�moin de son �poque. Les g�n�rations actuelles et futures devraient donc mieux conna�tre ce riche patrimoine culturel alg�rien. D�o� le l�gitime espoir de Abdelkader Benda�mache de voir s�instaurer des pratiques acad�miques devenues urgentes.