Interrogation n Le cycle de conférence initié dans le cadre de la deuxième édition des Journées cinématographiques d'Alger, a pris fin, hier, à la Cinémathèque algérienne. La problématique abordée lors de cette conférence est le cinéma méditerranéen, d'où la question : y a-t-il un cinéma proprement méditerranéen ? Si oui, quelle place occupe-t-il dans l'ensemble du paysage cinématographique mondial ? Ainsi, le débat portait sur le rapport Nord-Sud, liant les deux rives de la Méditerranée ; il s'agissait de la problématique de l'échange, dans un domaine de voisinage. On peut parler d'un cinéma qui se réclame de la Méditerranée, sachant que de nombreux points communs existent entre les pays de la région au vu de l'histoire partagée. Mais parler de cinéma méditerranéen, c'est évoquer d'emblée la problématique de financement et de coopération. Ainsi, la Tunisienne Chadia Wasti dira : «Il existe en Tunisie un atelier d'écriture associant des partenaires tunisiens et européens, notamment français et ce, en vue d'aboutir à un projet de scénario, donc de film.» «Le but est de dépasser les frontières, les différences et de s'inscrire en conséquence dans un espace de travail commun», a-t-elle ajouté. Angelo Cianci, réalisateur français, mais d'origine italienne, a déclaré : «Soulever la problématique du cinéma méditerranéen, c'est supposer deux directions possibles : l'aspect financier et le côté identitaire du film.» Autrement dit, quelles sont les modalités susceptibles de favoriser une coopération ?, et lorsque le film est coproduit quelle nationalité prendra-t-il ? Une coproduction ne signifie-t-elle pas adhérer à un format, à une vision ou à un imaginaire ? C'est ainsi que Angelo Cianci a expliqué que les partenaires du Nord imposent à leurs associés du Sud une certaine ligne de conduite, et «la vision générée par le Nord envers son voisin du Sud va dans le cliché», a-t-il souligné, et de reprendre : «Le Nord attend du Sud un imaginaire teinté d'exotisme, une imagerie typée, colorée, et qui répond à ses attentes, c'est-à-dire à ses fantasmes.» Cela suppose une réflexion sur le mode actuel du financement des films des pays méditerranéens en appelant les cinéastes à réfléchir sur les mécanismes de soutien de ces productions. Quant à Anna Paola Palacios, une productrice espagnole, vivant en France, elle affirme effectivement que le producteur impose au réalisateur une certaine vision des choses, car, a-t-elle dit : «Il faut que le produit soit rentable, il faut que celui-ci (le producteur) parvienne à vendre son produit, sinon il ne peut pas continuer à faire tourner sa production.» Elle a, ensuite, reconnu que la relation entre la rive nord et le pourtour sud de la Méditerranée est déséquilibrée. «Il y a un écart entre les deux rives», a-t-elle souligné, et d'insister sur le fait : «A vrai dire, il n'y a pratiquement pas un véritable travail de coopération entre les professionnels du cinéma des deux rivages.» La raison de cet écart réside dans le manque de communication et, surtout, de volonté d'associer le Sud au Nord dans un partenariat équilibré, juste, réciproque. Et d'abonder, sur ce point, «la coopération cinématographique actuelle entre les pays méditerranéens se limite à la participation de réalisateurs, acteurs, producteurs ou scénaristes aux festivals de cinéma, en tant que membres de jury ou d'invités d'honneur, alors qu'il reste beaucoup à faire en matière de coproduction.» C'est pour cette raison que pour les intervenants «le plus important est le lancement d'un programme d'échanges entre écoles et organismes de formation cinématographique, à travers des ateliers thématiques en rapport avec les métiers du cinéma et la multiplication de festivals et de rencontres consacrés au film méditerranéen.»