Suggestion n Les intervenants à cette conférence ont, par ailleurs, relevé l'absence d'une véritable politique communautaire. «Il n'y a pas un rapprochement entre les différentes écoles de cinéma au sein du pourtour méditerranéen», ont-ils jugé, et d'ajouter : «Pour parler effectivement d'un cinéma proprement méditerranéen, il faudrait avant tout qu'il y ait une relation de partenariat fondé, rapproché.» Pour eux, la coopération ne se résume pas uniquement dans la coproduction, mais aussi dans la formation. «Il faut former les gens dans les différents domaines de la cinématographie, partager les expériences et faire travailler les uns avec les autres pour une meilleure relation de partenariat», ont-ils suggéré. Ainsi, pour pallier le manque, voire l'absence d'échanges entre écoles et institutions de formation cinématographique des pays méditerranéens, il est souhaitable d'initier des stages de formation et des ateliers itinérants pour étudiants en métiers du cinéma, car cela paraît plus que nécessaire» dans la perspective de l'élaboration de projets artistiques communs. Les intervenants, qui considèrent que la Méditerranée est un lieu où les plus belles histoires ont été écrites, donc qu'il y a des points communs entre les publics des pays de ce bassin, déplorent cependant le manque de festivals consacrés aux films méditerranéens. «Il n'y a pas de festivals qui favorisent vraiment le rapprochement et le partage entre les professionnels du cinéma du pourtour méditerranéen», ont-ils jugé, et d'expliquer : «Si la coopération entre le Nord et le Sud est déficitaire, c'est parce que le marché de la cinématographie de la région Sud est insuffisant. Il n'en existe pas vraiment. Contrairement au Nord où la production est prolifique, permanente et rentable, au Sud, il n'existe pas vraiment d'industrie cinématographique. C'est la raison pour laquelle les producteurs européens, notamment ceux de la rive Nord hésitent à s'investir dans la région Sud. Par ailleurs, les intervenants s'accordent à dire que «le cinéma du Sud doit d'abord s'imposer, se renforcer, donc se développer dans son propre pays». Notons que pour parler de cinéma méditerranéen, il faut qu'il y ait une réelle politique de partenariat, celle-ci doit être basée sur l'échange mutuel, le partage constructif et sur un rapport de réciprocité, c'est-à-dire un partenariat équitable. Notons également qu'un cinéma est fondé sur un imaginaire, une sensibilité. Or, il se trouve que l'imaginaire méditerranéen est multiple, donc diversifié, différent l'un de l'autre, suivant le contexte culturel et historique dans lequel il prend racine et évolue. Chaque pays – même si le point commun est la Méditerranée – a sa représentation autour de ce bassin, celui-ci qui est, en outre, une composante essentielle de la culture de chaque rivage, s'avère un itinéraire, un lieu d'histoire, un espace de la représentation, de la réverbération d'une imagerie spécifique.