Si dans certains localités de Kabylie, les citoyens accordent un semblant d?intérêt à la prochaine élection présidentielle du 8 avril, à Aïn Zaouia, c?est le désenchantement total de la population, qui affiche une indifférence manifeste. Dans cette petite localité, située à mi-chemin entre Boghni et Draâ El-Mizan, la quasi-totalité de la population tourne le dos à ce scrutin. Les choses suivent leurs cours normal les citoyens continuent à vaquer, comme à l?accoutumée, à leurs occupations. Le chômage, la mal vie, les tracasseries quotidiennes sont autant de préoccupations pour le citoyen qui, d?ailleurs, se désintéresse de plus en plus de la chose politique. Ainsi, pour M. Mohamed, âgé d?une cinquantaine d?années, «depuis 3 ans, je suis sans salaire. Nous avons engagé un bras de fer avec notre entreprise Ecotaba ; l?affaire est en justice. Comment voulez-vous que je m?intéresse aux élections, sachant que ma situation sociale ne changera pas ?». «Ici, à Aïn Zaouia, les gens sont agacés par les discours creux et rabâchés. Depuis, l?indépendance, on va d?une élection à une autre sans que le citoyen ressente le changement attendu», a-t-il ajouté. Un jeune, apostrophé et interrogé sur le prochain rendez-vous, nous répondra d?une manière laconique : «De quelle élection parlez-vous ? Comment voulez-vous qu?on aille voter et qui choisir ? Il n?y a plus de perspectives, le chômage est endémique. Pour nous les jeunes, il n?y a plus d?espoir dans ce pays. Les élections ne m?intéressent guère.» Notre interlocuteur nous invite à prendre un café avec un groupe d?amis. Ces derniers discutent des nouvelles dispositions de l?Ansej et du dispositif de la Cnac. Omar, un de ces jeunes, dira : «Ce qui m?intéresse dans l?immédiat, c?est la réponse réservée à mon dossier déposé à l?Ansej pour la création d?une micro-entreprise. Tout le reste est secondaire pour moi.» Ainsi donc, la question des élections à Aïn Zaouia est tranchée car les citoyens ne croient plus au changement vanté par les candidats pour qui, après l?élection, tout sera remis en cause. Aucune affiche des candidats en lice n?est collée à Aïn Zaouia. Pour preuve, hormis la conférence animée par le FFS le week-end dernier, aucune activité ne mérite d?être signalée. La campagne électorale se trouve réduite à sa plus simple expression et les 7 000 électeurs de la commune risquent de bouder les urnes le jour du scrutin.