Palette n L'exposition collective qui se tient au Musée d'art moderne d'Alger, se poursuivra jusqu'au 10 septembre. Elle a pour tire ‘A 6'. Cela n'est qu'un jeu de mots : six artistes sur une autoroute. Réunissant six artistes, à savoir Sadek Amine-Khodja, Arezki Larbi, Moussa Bourdine, Rachid Djemaï, Mustapha Nedjaï et Mohammed Oulhaci, l'exposition donne à voir un aréopage de plasticiens algériens, ceux de la seconde génération et qui ont marqué les annales de l'art pictural algérien. Six plasticiens, donc six créateurs sont présents au musée et ce, à travers leurs œuvres de styles différents, de techniques variées, de thématiques multiples, de langages expressifs, voire démonstratifs, ou d'esthétiques colorée et poétique ; six artistes, à l'imaginaire original, personnel et au parcours croisé, parfois complémentaire. Si Larbi Arezki s'emploie à se déployer avec un style primitif, parfois sec, informe ou tenace dans une imagerie picturale abstraite, Mohammed Oulhaci agit dans un onirisme tendre et suave, en représentant des femmes, seulement des silhouettes conjuguées au féminin ; l'anatomie de la femme apparaît à peine, presque invisible, impalpable, uniquement des contours éphémères, fugitives, des tracés langoureux, des courbes ondoyantes ; une représentation de la femme suave, à la limite du lascif qu'imagine l'artiste. Mustapha Nedjai – il évolue dans une représentation abstraite du monde – participe avec des toiles grand format – dans ses peintures il met à nu ce qui est intériorisé, et dans ce refoulement, celui de notre mal-être, de nos angoisses ou de nos fantasmes, surgissent des silhouettes – comme s'il s'agissait d'apparitions spectrales aux visages blafards au regard vide, noir – qui, peu à peu, le temps d'une vision ou d'une présence, s'estompent, disparaissent, s'enfoncent encore dans nos frustrations et de nos inhibitions. Moussa Bourdine – il s'inscrit dans le figuratif mais parfois teinté de touches abstraites – sublime, d'une peinture à l'autre, des personnages qu'il arrive à recréer avec autant d'émotion que de réalisme transfiguré en quelque chose de poétique. L'on devine d'emblée dans ses toiles la maîtrise de la couleur, la pertinence des formes et l'expressivité, voire l'intensité de ce qu'elles dévoilent, c'est-à-dire leur contenu. Cela lui permet effectivement de traduire et de transmettre ses émotions. Larbi Azerki, un autre plasticien, s'emploie à convertir les instants qu'il ressent ou qu'il vit à quelque chose d'onirique, de spectaculaire, le tout dans une esthétique à part entière. C'est ainsi que les objets captés tout comme les impressions perçues sont métamorphosés dans une grande sensibilité plastique. S'exprimant sur cette exposition, Mohamed Djehiche, conservateur du Mama, «il ne s'agit pas d'un hasard mais d'une démarche, car le musée, en dehors de ses manifestations internationales, est appelé à promouvoir l'art algérien dans toute l'étendue de ses facettes, de ses genres et de ses générations, pour peu qu'ils s'intègrent dans l'objet du musée, le moderne et le contemporain, à des niveaux de maîtrise élevés », et d'ajouter : «L'activité du musée consiste aussi à s'intégrer progressivement dans les réseaux d'échanges internationaux et à y promouvoir nos artistes, ce qui suppose, bien sûr, de les promouvoir ici déjà.» Ainsi, l'exposition, vu ce qu'elle propose comme plasticiens et genres picturaux, semble une palette riche en couleurs, en formes ou en styles. C'est une exposition où l'étonnement et l'émerveillement sont incontestablement au rendez-vous.