Une exposition collective de peinture qui mérite sans aucun doute le détour. L e Musée national des arts modernes et contemporains d'Alger présente une exposition qui, sans doute, va permettre à ses visiteurs de compléter leurs connaissances de la scène artistique algérienne et de les actualiser. Après avoir consacré notamment de grandes expositions hommages à des pionniers de l'art moderne algérien (Mesli, Issiakhem et Khadda, en attendant d'autres), le Mama nous propose de nous intéresser à des représentants de la seconde génération d'artistes qui s'est affirmée à partir des années soixante-dix et quatre-vingts. Selon Mohamed Djehiche, conservateur du Mama, «il ne s'agit pas d'un hasard mais d'une démarche, car le musée, en dehors de ses manifestations internationales, est appelé à promouvoir l'art algérien dans toute l'étendue de ses facettes, de ses genres et de ses générations, pour peu qu'ils s'intègrent dans l'objet du musée, le moderne et le contemporain, à des niveaux de maîtrise élevés». Il ajoute que «l'activité du musée consiste aussi à s'intégrer progressivement dans les réseaux d'échanges internationaux et à y promouvoir nos artistes, ce qui suppose, bien sûr, de les promouvoir ici déjà.» Six créateurs seront donc présents à ce rendez-vous, où la beauté se déclinera comme une musique en hexacorde, six créateurs aux parcours et aux expressions parfois très différentes, mais qui se rejoignent dans le partage d'une époque et de valeurs communes. Sadek Amine-Khodja, Arezki Larbi, Moussa Bourdine, Rachid Djemaï, Mustapha Nedjaï et Mohammed Oulhaci donneront à voir, à partir de dimanche prochain, la pleine mesure de leurs talents. Il y a longtemps qu'une exposition collective de cette importance n'avait pas été organisée à Alger où la tradition était plus fréquente dans les années 60 et 70, notamment dans la salle des 4 colonnes qui se trouvait au siège actuel de l'APN (ex-Hôtel de Ville d'Alger). Cela permettait, en un même lieu, d'embrasser d'un seul regard la production artistique du moment, de constater des évolutions ou des tendances, et aussi de susciter une émulation enthousiaste entre les créateurs. Actuellement, le mode d'exposition individuel l'a emporté sur le collectif, sauf à quelques occasions particulières, et la plupart des artistes exposent dans des galeries privées ou même dans leurs ateliers, de manière quasi confidentielle et en tout cas limitée. Ces pratiques positives, en usage dans le monde entier, ne le sont plus quand elles deviennent presque exclusives, privant les artistes de grandes manifestations mais surtout le grand public d'une découverte de leurs productions. On a souvent tendance à croire que les expositions collectives sont réservées aux débutants ou aux peintres moyens, et que seule l'exposition individuelle est la marque d'un talent particulier et d'un statut élevé de l'artiste. Là aussi, l'expérience dans le monde nous enseigne que c'est loin d'être le cas. De grands noms de la peinture mondiale ont, jusqu'à des moments avancés de leur carrière, participé à des expositions collectives. La qualité d'une manifestation artistique ne se mesure pas à son caractère collectif ou non, mais d'abord au niveau esthétique des œuvres présentées, et, aussi, à l'interaction entre ces dernières. Une exposition est aussi une œuvre qui se constitue par la complémentarité et le dialogue de pièces réunies au même endroit. Au vu des noms affichés pour cette manifestation, on peut supposer, sans risque, que l'ensemble formera un cocktail pétillant de couleurs, de formes, et surtout de démarches. Un rendez-vous à ne pas manquer avec l'émerveillement, l'émotion et l'étonnement. Du 11 juillet au 10 septembre 2011. Mama, 25, rue Larbi Ben M'hidi, Alger. Entrée gratuite.