Six artistes, dont les styles sont aux antipodes, exposent depuis lundi au Musée national d'art moderne et contemporain. “A 6” est l'intitulé de cette exposition, qui n'est qu'un jeu de mots : six artistes sur une autoroute. Inauguré par la ministre de la Culture, cet événement se veut une autre fenêtre ouverte sur l'art plastique algérien. Mustapha Nedjai occupe l'atrium. Ses toiles grand format, qui habillent les murs blancs, mettent à nu ce qui est enfoui. On est face à notre mal-être, nos angoisses, nos fantasmes. Des silhouettes qui partent en fumée, s'évaporent. Des visages blafards au regard vide, noir. “Un voyage dans le for intérieur” de celui qui peint et de celui qui regarde. Œuvres de torture, de douleur, peintes dans la distorsion, comme l'attestent “Holocauste”, “Implosion. X Torsion” ou “Distorsion. X Torsion”, peignant le drame humain, avec des couleurs devenues la signature du plasticien. “Chebec”, une installation représentant une barque vide (en polypropène, traitement or), avec des ouvertures de part et d'autre, dévoilant le squelette de l'épave, trône au milieu de l'atrium, faisant face à l'autre installation de 24 panneaux montés en puzzle : des containers de différentes couleurs, chargés de graffitis, sur lesquels apparaissent des silhouettes noires, des harragas. Au premier étage, Sadek Amine-Khodja et Moussa Bourdine se partagent l'espace. Le premier rend hommage à un objet, “le bas de femme”, le réhabilitant artistiquement. Son œuvre est une composition ayant pour principal matériau le bas qui prend forme, “revit”. Différentes couleurs et textures. Il dévoile une vie secrète entourée de mystère avec des possibilités d'ouverture. Des clins d'œil à d'autres artistes : Delacroix, Baya… En face, Moussa Bourdine sublime avec ses toiles, où l'on devine la maîtrise de la couleur, ce qui lui permet de traduire et de transmettre ses émotions à travers un registre pictural figuratif, et un étalage de couleurs généreux, successif, superposé. À l'étage supérieur, c'est l'éclatement des couleurs, des techniques, des styles et des approches. À peine l'escalier terminé, le regard et vite happé par la multitude de formes : “un entrelacement de personnages féminins (…)”. Un contour sévère, tout est enchevêtré. Un entassement de silhouettes floutées. Telles des tâches de couleurs, elles se répandent, s'étalent, éphémères, prenant des formes aux différentes postures. Djema Rachid surprend par le foisonnement de son œuvre. Il multiplie les techniques, “un jeu de piste aux allants mystérieux”, comme le décrit Jaoudet Gassouma. Son œuvre se décline comme une aventure artistique qu'il partage avec le visiteur. Une complicité s'installe. Chaque tableau raconte une histoire. En face, le travail d'Arezki Larbi est un appel à pénétrer “dans la nuit de nos jours avec un visage sombre”. C'est un poème pictural qu'il expose, avec une rythmique plastique. Les objets sont métamorphosés, avec une approche vague qui n'est que le commencement d'une œuvre traduisant une sensibilité et générosité sans limite. “A 6” : exposition collective jusqu'au 10 septembre 2011, au Musée national d'art moderne et contemporain (Alger).