Constat n Aujourd'hui, la solidarité et la bienfaisance sont un domaine presque réservé au ministère de la Solidarité nationale. A l'exception de quelques associations qui se mobilisent en faveur des catégories pathologiques comme les cancéreux ou autres maladies chroniques, le concept n'a plus vraiment d'adeptes. Excepté, peut-être, les amateurs du bon vieux temps. Croyant peu à cette tendance individualiste, ces derniers tentent, tant bien que mal, de sauvegarder une forme de solidarité bien ancrée dans nos traditions à l'image de la touiza. Ce reliquat de notre culture ancienne subsistant dans certaines régions du pays, témoigne de l'esprit d'entraide qui animait nos aïeux. Des valeurs ancestrales qui ne semblent plus avoir la cote auprès de la nouvelle génération où les repères de l'intérêt collectif sont ignorés à la faveur de l'épanouissement de soi. Un décalage peu compréhensible entre une société qui se déclare musulmane et ne jure que par les principes de cette religion mais où la solidarité fait défaut et une société occidentale libérale où la bienfaisance n'a pas de prix. Une situation qui s'explique par le fait que «la solidarité traditionnelle ne se voit plus, et la forme moderne ne se voit pas encore suffisamment, le mouvement associatif étant peu expérimenté», selon notre sociologue Nassera Merah. Il faut dire que la bienfaisance est «une conviction morale et personnelle. Lorsqu'on est sensible à la détresse d'autrui, on réunit, avec rien, ce qui peut faire le bonheur de ceux qui sont dans le besoin», dit-elle avant d'appuyer ses propos par un exemple bien connu en France. «Les restos du cœur n'ont pas de budget, mais ils font du porte-à-porte pour assurer les repas aux pauvres», relève la sociologue. Elle ne manque pas, toutefois, de faire remarquer que «les Algériens dans leur diversité agissent comme ils le sentent. La générosité existe, encore, ce qui manque c'est la manière d'agir». Ces dernières années, on a vu l'émergence de plusieurs associations de bienfaisance à caractère religieux. Un phénomène qui n'échappe pas à notre spécialiste qui rappelle que ce genre d'activité ne peut pas être lié au bénévolat, «même si l'on n'est pas rémunéré». Pour elle, les associations qui activent sur le terrain sous une couverture religieuse et politique, «perdent de leur sincérité et de leur spontanéité. Ces actes sont souvent dirigés vers les sympathisants de leurs partis et sont monnayés par et pour une appartenance à cette formation», estime Mme Merah qui rappelle que «donner c'est avant tout le don de soi».