Incapacité n Les services chargés de la sécurité routière, tout en livrant une lutte sans merci contre les chauffards, affirment que pas moins de 20% à 25% des chauffeurs des poids lourds sont inaptes à faire des longs et fatigants trajets. Le principal crime de ces «meurtriers» de la route repose, selon un gendarme accosté au niveau des Grands-Vents, à Dély-Ibrahim, sur l'excès de vitesse, la surcharge et le temps de conduite trop long. Effectivement, quel automobiliste ne s'est pas fait un jour doubler par un camion surchargé, roulant à folle allure ? D'après les services de la Gendarmerie nationale, qui surveille le trafic routier sur les autoroutes grâce à plusieurs stations de surveillance disséminées un peu partout, «plus de 60% des petits camions et environ 30% des gros camions violent les limitations de vitesse.» Des taux en constante progression. Nous avons eu une brillante démonstration sur l'autoroute de la rocade sud. Cette nuit-là, les agents chargés de la prévention routière organisent un contrôle de vitesse des véhicules à hauteur de Dar El-Beïda. Installés sur une bretelle d'accès avec leur radar, ils attendent les fauteurs. La circulation est fluide, la nuit claire, toutes les conditions semblent réunies pour effectuer une bonne moisson. Cruelle désillusion ! en quatre heures, sur près de cent camions contrôlés, seuls huit sont verbalisés. Les routiers se seraient-ils rachetés ? Que non ! L'officier du groupe éclaircira vite le mystère. «Comme pour tout automobiliste, nous accordons une certaine marge aux routiers. Nous ne relevons ainsi une infraction qu'à partir de 100 kilomètres/heure.» Un sacré cadeau ! la vitesse des semi-remorques étant limitée sur ce tronçon à 80 kilomètres/heure. «Mais surtout, poursuit notre interlocuteur, les routiers qui ont vite fait de nous repérer se préviennent par téléphone portable et lèvent donc le pied à notre niveau.» Bref, ils ne font arrêter que les chauffeurs distraits.