Malgré le durcissement de la loi, malgré la criminalisation de certains accidents et les conditions draconiennes imposées par les pouvoirs publics aux transporteurs de gros tonnages, ainsi que les efforts des services de sécurité, les chauffeurs de semi-remorque imposent leur diktat, sèment la terreur et la mort. Au lendemain du gravissime accident d'un camion semi-remorque qui transportait un container – c'était en 2004 – à Dély-Ibrahim (Alger) et qui avait totalement écrasé un transporteur de voyageurs, et d'un autre sinistre à la place du 1er-Mai en 2005, les pouvoirs publics avaient immédiatement pris des mesures coercitives contre les camions à gros tonnage avant de leur interdire l'accès, de 6h à 20h, dans les grandes villes. S'ensuivent alors une batterie de mesures contenues dans le nouveau code pénal et la loi sur la criminalisation de certains accidents de la circulation qui spécifient, notamment le transport des marchandises à hauts risques, les conditions de transport, de conditionnement des matériaux et de manutention des containers. Durant les années 2006-2007, les responsables d'entreprise et les propriétaires de camions à gros tonnage et semi-remorques ont, eux aussi, pris conscience et acte de l'impact de ces lois avant d'aller vers “l'auto-dénonciation” à travers l'écriteau sur lequel on pouvait lire : “Signalez toute conduite dangereuse”. Pour les vieux routiers, appelés autrefois “les seigneurs de la route”, rien n'a changé sinon l'acquisition de nouveaux camions dotés d'une motorisation de grande puissance. Mais, force est de constater que le rajeunissement du personnel (chauffeurs de camion) a eu un effet négatif sur la sécurité routière. Fini l'époque de la prudence, commence celle des “seigneurs de la mort”. Sinon comment expliquer qu'un semi-remorque roule à une vitesse supérieure à 120, voire 140 et 160 km/h ? Comment expliquer, par ailleurs, que ces mêmes engins, au même titre que les camions à pesée de 10 tonnes occupent la voie de gauche, jouent à la concurrence sur les routes à grande vitesse et sur les autoroutes ? Pis encore, comment expliquer l'impunité des pouvoirs publics, quand le constat est établi sur la responsabilité du chauffeur d'un semi-remorque ? Les auto-écoles, qui s'en lavent les mains, doivent, en premier lieu, être interpellées sur la délivrance des permis de… la mort ! Autrefois, n'était pas chauffeur de camion qui voulait. Aujourd'hui, des jeunes fanfarons conduisent dangereusement des engins et exposent les automobilistes et les routiers à des risques mortels ! Les récents accidents de la route, comme celui de Ghazaouet (Tlemcen), où seize personnes ont péri, samedi, quand un poids lourd et un minibus sont entrés en collision, et celui produit sur l'axe routier Aïn Touta-Batna, où le chanteur Ali Nasri, dit Katcho, a trouvé la mort mercredi dernier, surpris – encore ! – dans un virage par un semi-remorque qui a heurté sa voiture, renseignent un tant soit peu sur la nécessité de reconsidérer non seulement les lois sur la sécurité routière et le permis de conduire, mais d'assainir le secteur du transport de manière générale et de renforcer le contrôle et la surveillance sur nos routes en installant plus de radars, plus d'escadrons spécialisés dans la lutte contre les chauffards et les récidivistes réfractaires à la loi. À Annaba, nous dit-on, les seigneurs de la mort provoquent, durant la nuit, volontairement des accidents de la route sur les véhicules légers avant de les pousser à se précipiter dans des ravins ! Sur la RN5, notamment, ces même chauffards s'adonnent aux courses-poursuites et au rallye ! L'excès de vitesse et le non-respect de la signalisation routière, concernant les poids lourds, sont les deux raisons principales qui ont causé les derniers sinistres. Cela va sans dire que les bus et minibus doivent être également soumis à la même rigueur. Que de morts et de blessés en cette saison estivale, principalement causés par les semi-remorques et les transports de voyageurs, les pouvoirs publics devraient, désormais, soumettre toute autorisation de circulation de ces engins à des critères sévères, à une réglementation à même d'identifier le profil des conducteurs et responsabiliser, en cas de sinistres, les entreprises et les propriétaires de poids lourds, au même titre, que leurs chauffeurs FARID BELGACEM