Résumé de la 80e partie n Les mendiants se font si insistants qu'on finit par leur glisser un sou dans la main ou un pain, mais la plupart se font chasser, notamment par les vendeurs. Il y a de cela longtemps vivait, dans une oasis, un pauvre homme appelé Mimoun. Il avait pour tout bien qu'une parcelle de terre sur laquelle poussaient un palmier rabougri. Aussi, ses dattes étaient-elles de mauvaise qualité mais il les cueillait et il les vendait sur la marché de l'oasis. Sa femme, elle, cultivait sur une parcelle du terrain quelques légumes qui fournissaient la subsistance du couple. Ce jour-là, c'était justement jour de marché. De bonne heure déjà, les marchands ont étalé leurs marchandises, principalement des dattes, puisque la cueillette venait d'avoir lieu. Il y a aussi beaucoup de clients qui vont et viennent d'un étal à un autre, comparant la qualité des fruits mais surtout les prix. En effet, comme les gens sont pauvres, chacun guette la bonne affaire. Les marchands étalent leurs marchandises et ils font tout pour attirer les chalands, en criant : — venez, achetez mes dattes, elles sont de bonne qualité. — les miennes sont moins chères ! — regardez comme mes oignons sont grands ! — regardez ma meloukhia ! Elle est appétissante ! La méloukhia est la poudre de corète, une plante potagère que l'on fait sécher et que l'on prépare en soupe : les gens du sud, comme chacun le sait, en sont très friands ! Les acheteurs se penchent sur les marchandises, palpent, regardent, parfois demandent à goûter. Il y a aussi les pauvres, qui n'ont pas un sou, et qui guettent la datte ou le grain pourris que le vendeur jettera. Certains demandent même la charité, à la fois aux clients et aux vendeurs. — aidez un pauvre infirme ! D'autres cherchent à apitoyer les marc hands : — voilà longtemps que je n'ai mangé… D'autres invoquent Dieu : — montrez-vous généreux, Dieu vous le rendra ! Certains se font si insistants qu'on finit par leur glisser un sou dans la main ou un pain, mais la plupart se font chasser, notamment par les vendeurs qui trouvent qu'ils importunent les clients. — allez-vous-en ! Ce jour-là, sur le marché, un vieillard déguenillé va d'un marchand à un autre, la main tendue, comme le font les mendiants qui quémandent. — au nom de Dieu, je n'ai pas mangé depuis deux jours ! Le premier marchand de datte auquel il s'adresse lui répond. — j'ai déjà donné ! L'homme insiste. — deux dattes me suffiront ! — je n'ai rien à donner ! — tu n'as donc pas pitié d'un pauvre vieillard ? Le vendeur serre son bâton. — si tu ne déguerpis pas tout de suite, je te bastonnerais ! (A suivre...)