Tendance n Les CD, DVD et DVX restent les produits dominants sur ce marché à ciel ouvert, car leur contrefaçon ne demande pas de moyens colossaux. «Tahtaha», la très populaire place de M'dina Jdida, au cœur d'Oran, se transforme chaque week-end en un gigantesque bazar où des milliers de DVD piratés changent de main en contrepartie de quelques dizaines de dinars. Tout autour de la stèle, érigée sur l'esplanade à la mémoire de la cinquantaine de victimes de l'attentat à la voiture piégée, perpétré le 28 février 1962 par la sinistre OAS, les vendeurs étalent à même le sol leurs «marchandises», alors que la petite ruelle menant au boulevard Ahmed-Zabana, juste en face du musée, est constamment envahie par d'autres marchands qui proposent des DivX ou des CD audio des derniers albums en vogue, bien rangés dans des cartons, qui semblent «sortir de l'usine». Il est bien difficile de faire l'itinéraire d'un support contrefait avant d'aboutir au client. Les voies des contrefacteurs sont impénétrables, dit-on. Une véritable loi du silence est imposée, même aux détaillants qui refusent d'indiquer d'où ils s'approvisionnent. Il suffit de se rendre un vendredi ou un samedi matin à M'dina Jdida pour se rendre compte de l'étendue du phénomène qui semble déborder sur tous les quartiers de la ville. Pratiquement, pas une rue n'échappe à la présence de revendeurs de DVD et de CD piratés. La demande est telle que le nombre de ces «commerçants» ne cesse d'augmenter. Outre le manque à gagner sur le plan fiscal, les dommages collatéraux induits par ce problème est la fermeture, ces dernières années, de 75 maisons d'édition, opérationnelles dans la métropole oranaise. Pour les trois restantes, leurs propriétaires envisagent de se reconvertir dans des créneaux plus rentables. A la «Tahtaha», on trouve de tout : les tout récents films, à peine sortis sur les écrans occidentaux, les séries américaines, françaises, arabes et turques les plus prisées, voire les inédites, ainsi que toutes sortes de documentaires, politiques de préférence ou ceux traitant de l'histoire de l'Algérie, ainsi que les matchs de football, les plus en vue, ceux de l'Equipe nationale, du Barça et du Real. Un DivX, contenant six longs métrages – les plus récents –, est cédé à 60 DA, alors qu'une saison complète d'une série (une moyenne de 16 parties) est proposée à 120 DA. Actuellement, les produits les plus demandés sont les feuilletons religieux, vraisemblablement à l'approche du ramadan - les œuvres dédiées au Prophète Aïssa et à Meriem (la vierge Marie), représentent les meilleures ventes, ainsi que des feuilletons classiques turcs, syriens et iraniens. En outre, il n'est pas rare qu'au détour d'une ruelle de M'dina Jdida, un jeune aborde certains passants pour leur proposer des films «spéciaux» entendre par-là des films immoraux. Cette situation ne semble déranger personne. Phénomène universel puisque aucun pays n'y échappe, le piratage semble difficile à éradiquer devant le développement des nouvelles technologies de communication.