Résumé de la 59e partie n Pour les agents de Scotland Yard Inglethorp est coupable... Mais vous êtes là depuis le début, et vous avez pu recueillir quelques indications. D'après les dépositions entendues à l'enquête, Mr Inglethorp a assassiné sa femme aussi sûrement que je m'appelle Japp, et si un autre que vous me donnait à entendre le contraire, je lui rirais au nez ! Je dois avouer que je suis surpris que les jurés n'aient pas prononcé immédiatement un verdict d'assassinat avec préméditation. Je crois qu'ils l'eussent fait, n'eût été le coroner qui paraissait les retenir. — Peut-être avez-vous un mandat d'arrêt contre lui en poche, à l'instant même ? suggéra Poirot Le volet de bois du parfait fonctionnaire descendit sur le visage expressif de Japp. — Peut-être que oui, peut-être que non ! répondit-il sèchement Poirot le considéra d'un œil méditatif. — Je suis très désireux, messieurs, qu'il ne soit pas arrêté. — Sans doute ! répliqua Summerhaye d'une voix sarcastique. Japp regarda Poirot avec une perplexité comique. — Ne pouvez-vous pas nous donner vos raisons, monsieur Poirot ? Car un clin d'œil de votre part vaut un hochement de tête. Vous avez été sur les lieux, et le Yard n'a guère envie de commettre des bévues. Poirot acquiesça gravement. — C'est précisément ce que je pense ! Eh bien, je vous dirai ceci. Faites usage de votre mandat d'arrêt. Arrêtez Mr Inglethorp. Vous n'en tirerez aucun profit L'accusation contre lui serait immédiatement rejetée. Comme ça ! Il fit claquer ses doigts en un geste expressif. Le visage de Japp s'assombrit, et Summerhaye poussa une exclamation d'incrédulité. Quant à moi, j'étais littéralement muet d'étonnement, et j'en conclus simplement que Poirot était fou. Japp avait tiré son mouchoir et s'essuyait doucement le front. — Je n'ose pas le faire, monsieur Poirot. S'il ne s'agissait que de moi, je me contenterais de votre parole. Mais il y a certains de mes chefs qui me demanderont pourquoi j'ai agi ainsi. Ne pouvez-vous pas me donner d'autres indications ? Poirot réfléchit un instant. — Cela peut se faire, dit-il. C'est évidemment à mon cœur défendant. Vous me forcez la main. J'aurais préféré travailler dans l'obscurité pour le moment, mais ce que vous dites est fort juste. La parole d'un policier belge dont la vogue est finie ne suffit pas ! Et il ne faut pas qu'Alfred Inglethorp soit arrêté. Cela, je l'ai juré,comme peut en témoigner mon ami Hastings, ici présent. Alors, mon bon Japp, vous vous rendez tout de suite à Styles ? — Eh bien, dans une demi-heure environ. Nous devons d'abord voir le coroner et le médecin. — Bon. Passez me prendre sur votre chemin, la dernière maison du village. Je vous accompagnerai. (A suivre...)