Résumé de la 68e partie n Hastings dit à Poirot que ses soupçons se portent sur Miss Howard... J'appris que Miss Howard avait été de garde mardi après-midi, et comme un convoi de blessés arriva à l'improviste, elle avait très aimablement offert de demeurer de garde cette même nuit, et son offre fut acceptée avec reconnaissance. Voilà qui dispose de vos doutes. — Oh! dis-je, un peu dépité. Vraiment, c'est la violente antipathie qu'elle manifestait contre Inglethorp qui me la fit soupçonner en premier lieu. Je ne puis m'empêcher de croire qu'elle chercherait à lui nuire de toutes les façons possibles. Et j'avais comme une idée qu'elle pouvait savoir quelque chose sur la destruction du testament. Elle aurait pu brûler le nouveau, le prenant pour le testament précédent, rédigé en faveur d'lnglethorp. Elle est si montée contre lui. — Sa véhémence ne vous paraît pas naturelle ? — Non. Elle est si extraordinairement violente. Je me demande même si elle n'est pas un peu déséquilibrée ? Poirot secoua énergiquement la tête. — Non, non. Là, vous vous trompez. Il n'y a rien d'anormal en Miss Howard, elle est un exemple excellent du bon sens britannique. Elle est la personnification même de la santé du corps et de l'esprit. — Cependant sa haine d'lnglethorp paraît presque une manie. Mon idée, qui est sans doute très ridicule, est qu'elle avait l'intention de l'empoisonner, lui, et que Mrs Inglethorp a pris ce poison par mégarde. Mais je ne vois pas comment cela aurait pu se passer. Toute cette affaire est absurde au dernier degré. — Pourtant vous avez raison sur un point. Il est toujours sage de soupçonner tout le monde jusqu'à ce que vous puissiez prouver logiquement, et à votre propre satisfaction, qu'ils sont innocents. Or, quelle raison y a-t-il contre l'opinion que Miss Howard empoisonna délibérément Mrs Inglethorp ? — Mais elle lui était toute dévouée ! objectai-je. — Allons donc ! s'écria Poirot. Vous raisonnez comme un enfant. Si Miss Howard était capable d'empoisonner la vieille dame, elle serait tout aussi capable de simuler le dévouement. Il nous faut chercher ailleurs. Vous avez parfaitement raison de trouver son antipathie contre Ingletborp, trop violente pour être naturelle. mais vous avez tout à fait tort dans la déduction que vous en tirez. J'ai fait mes propres déductions que je crois correctes, mais je n'en parlerai pas pour le moment. II s'arrêta un instant, puis reprit : — Or, suivant ma façon de penser, il y a une objection insurmontable à ce que Miss Howard soit la meurtrière. — Et c'est ? — Que la mort de Mrs Inglethorp ne pouvait en aucune façon lui profiter. Or, il n'y a pas d'assassinat sans mobile. Je réfléchis. — Mrs Inglethorp n'a-t-elle pas pu faire un testament en sa faveur ? Poirot secoua la tête. — Mais vous avez vous-même suggéré cette hypothèse à Mr Wells. Poirot sourit. — J'avais une raison de le faire. Je ne voulais pas prononcer le nom auquel je pensais. (A suivre...)