Résumé de la 63e partie n Poirot dit avoir été frappé par les déclarations de Mr Laurence Cavendish... En effet, c'est exact. Je n'y songeais plus, dis-je, un peu effrayé. C'est très bizarre. Poirot hocha la tête. — Son attitude a été bizarre dès le début. De toute la maison, lui seul pourrait reconnaître les symptômes d'empoisonnement par la strychnine, et pourtant il est le seul membre de la famille qui soutienne énergiquement la théorie de mort provoquée par des causes naturelles. J'aurais pu comprendre cela de la part de Mr John. Il n'a pas de connaissances techniques, et il n'a aucune imagination. Mais Mr Laurence, non ! Et aujourd'hui encore il avance une suggestion qu'il devait savoir être ridicule. Il y a là matière à réflexion, mon ami. — C'est très complexe, dis-je. — Et puis, il y a Mrs Cavendish, continua Poirot. Voilà une autre qui ne dit pas tout ce qu'elle sait. Que pensez-vous de son attitude ? — Je ne sais qu'en penser. Il me paraît inconcevable qu'elle protège Alfred lnglethorp, et pourtant elle en a tout l'air. Poirot hocha la tête pensivement. — Oui. C'est bizarre. En tout cas, une chose est certaine. Elle a entendu beaucoup plus de cette conversation privée qu'elle ne veut en convenir. — Et pourtant, c'est la dernière personne que l'on accuserait de s'abaisser à écouter aux portes. — Précisément. Mais son témoignage tend à prouver une chose J'ai commis une erreur. Dorcas avait parfaitement raison. La querelle eut lieu assez tôt dans l'après-midi, vers quatre heures comme elle t'a affirmé. Je le regardai avec curiosité. Je n'avais jamais compris son insistance sur ce point. — Oui, plusieurs choses assez singulières ont été révélées aujourd'hui, continua Poirot. Tenez, que faisait le docteur Bauerstein debout et habillé à cette heure aussi matinale ? Je suis surpris que personne n'ait commenté ce fait. — Je crois qu'il souffre d'insomnies, dis-je. — Ce qui est une explication excellente ou bien fort mauvaise, dit Poirot. Cela couvre tout et n'explique rien. Je vais avoir l'œil sur notre brillant docteur Bauerstein. — Trouvez-vous d'autres défauts aux dépositions ? demandai-je, d'un ton sarcastique. — Mon ami, dit Poirot gravement, quand vous découvrez que les gens ne disent pas la vérité, soyez sur vos gardes. Or, à moins que je ne me trompe beaucoup, à l'enquête d'aujourd'hui, une seule personne, deux tout au plus, ont dit la vérité sans réserves ni subterfuges ! — Oh ! voyons, Poirot. Je ne citerai pas Laurence ni Mrs Cavendish. Mais il y a John et Miss Howard... Sûrement ceux-là disaient la vérité. — Un, je vous l'accorde, mais tous deux ? Ces paroles me causèrent un choc pénible. La déposition de Miss Howard, bien que peu importante, avait été faite avec tant de spontanéité et de franchise qu'il ne m'était jamais venu à l'esprit de douter de sa sincérité. Cependant, j'avais un grand respect pour la sagacité de Poirot, sauf en ces occasions où il était ce que j'appelais à part moi «stupidement opiniâtre». — Est-ce bien votre avis ? dis-je. Miss Howard m'a toujours paru si essentiellement et même presque péniblement honnête. (A suivre...)